Le Roi Panthère

Après avoir exploré ses dimensions occidentales (Iron Man, notamment), nordiques (Thor), orientales (Docteur Strange), cosmiques (Les Gardiens de la Galaxie), voilà que l'univers cinématographique Marvel se tourne enfin vers l'Afrique, avec Black Panther.

Alors qu'on pouvait redouter une énième itération super-héroïque, avec un habillage "africanisé", le film surprend, en fait, par son inventivité plastique qui donne à cette contrée fictive du Wakanda, une existence tangible et une étonnante densité.

La direction artistique fastueuse est, non seulement, très agréable à l’œil (costumiers, maquilleurs, coiffeurs, décorateurs et ensembliers ont fait des miracles !) mais aussi très crédible.
On retrouve les pagnes à motifs, typiques de l'Afrique de l'Ouest, les peintures sur la peau faîtes au kaolin ainsi qu'une ritualisation de la vie politique wakandaise absolument dépaysante, surtout dans un blockbuster américain de ce calibre !
Le film s’intéresse, ainsi, autant à son héros qu'au système monarchique et tribal qu'il dirige.
T'Challa est un roi fraîchement couronné qui devra faire face à une possible trahison. Il héritera également des tragiques erreurs de ses prédécesseurs.
Le pouvoir, ici, est un fardeau.

Ryan Coogler (réalisateur de Creed) prend le temps de poser ses bases narratives et visuelles, nous gratifiant notamment d'une sublime introduction en plan séquence. Le sable noir brillant du vibranium (qui se trouve au centre du film) y sert de matériau à l'élaboration de l'histoire du Wakanda. Il se forme et se déforme pour nous peindre l'origine du royaume, les coutumes de son peuple et le secret de son immense richesse.

C'est en effet une des surprises du film : le Wakanda est le pays le plus riche, puissant et développé technologiquement sur Terre !
Plus avancé, de l'aveu même du personnage de Martin Freeman (qui a encore une fois, après Le Hobbit et Sherlock, l'occasion de démontrer son talent comique) que les Etats-Unis !
Le Wakanda est donc la première puissance mondiale de l'univers Marvel !
Oui, oui, vous ne rêvez pas : un pays d'Afrique plus puissant que les USA !
C'est là une audace dans la représentation de ce continent à l'international qu'on ne peut que saluer !
Exit les clichés misérabilistes, le Wakanda est riche, très riche et possède une technologie que l'on voit à l'oeuvre tout au long du film. Une technologie susceptible de bouleverser l'équilibre du monde, entre magie ancestrale, électronique et industrie de pointe. Un très bon point.

Outre le visuel, on ne peut que féliciter le casting, (en vibranium !), de Black Panther : Chadwick Boseman, Angela Bassett, Forest Whitaker, Martin Freeman, Daniel Kaluya, Lupita Nyong'o, Andy Serkis et Michael B. Jordan sont tous impeccables. Ils campent des personnages forts, mémorables et attachants, aux motivations compréhensibles.

Enfin, Black Panther est de loin le film le plus politique de l'ère Marvel, il décide de placer le Wakanda et l'Afrique au centre de son Monde, pionnier de l'entraide internationale, ouvrant la voie vers la réconciliation.
Une parole de sagesse qui va être entendue par des millions de gens, tant il est certain que le film se destine vers un succès au box-office.
Ryan Coogler aurait pu se contenter de mettre en boîte un bon divertissement (le film est très drôle), il y ajoute donc, aussi, une réflexion humaniste et anti-colonialiste.

Black Panther permet ainsi à l'univers Marvel de prendre de la hauteur, de réévaluer les forces en présence avant le grand barnum d'Avengers 3.

Un film en tout point réussi (malgré une utilisation parfois maladroite des CGI pour certaines séquences qui auraient gagné à être tournées "en vrai") proposant de plus, un message important à l'humanité : L'Afrique se réveille, elle est riche, puissante et capable de prôner la sagesse dans l'échiquier absurde d'un monde au bord du précipice...