Black Panther par Audric Milesi

Au sein de la production Marvel actuelle, je trouve que Black Panther tire plutôt bien son épingle du jeu. Ce qui me pose le plus de problème avec les blockbusters super-héroïques actuels, c'est leur manque de vision (on est loin d'u temps d'un Sam Raimi, d'un Ang Lee ou d'un Tim Burton aux commandes d'un film de super-héros), la pauvreté de leur mise en scène, et l'incroyable faiblesse de l'antagoniste. Black Panther réussit à pallier à ces trois défauts, avec toujours des maladresses, certes, mais qui m'a permis d'apprécier le film de façon honnête.

En effet, déjà en terme de réalisation, Ryan Googler n'est pas n'importe quel yes-man. En deux films, il a réussi à prouver qu'il pouvait porter une vision cohérente, ambitieuse, et instaurer sa vision "auteuriste" dans un divertissement populaire. Dans Black Panther, j'ai enfin aperçu de très bonnes idées de mise en scène arriver à leur terme, des mouvements de caméra étudiés, une véritable envie de faire du cinéma en somme, et plus seulement filmer des types en costume qui parlent dans une pièce.

Au niveau de la vision, les choses se gâtent un peu, je suis au courant que Googler, comme tous les cinéastes de l'écurie Marvel, sont tenus par les c*uilles par les exécutifs et n peuvent pas se permettre monts et merveilles. C'est pourquoi je trouve que le jeune réalisateur fait largement le taf en proposant un film ayant sa propre identité, notamment dans la direction artistique et la bande originale (le mélange de rap et de sonorités africaines est en fait plus pertinent que je ne le pensais car en miroir avec l'état d'esprit de Killmonger).

Ce qui me permet d'enchaîner sur le dernier point : l'antagoniste. Et là, on arrive au meilleur élément du film : Michael B. Jordan. Enfin un bon méchant. On comprend ses choix moraux, ses décisions, sa façon de se placer sur l'échiquier et surtout, comment il fait miroir avec le personnage principal. Leur opposition est cohérente, logique, et pour une fois on a pas l'impression d'être face à une intrigue préfabriquée. Michael B. Jordan est comme à son habitude excellent et apporte enfin une touche humaine dans ce monde de super-héros aseptisé et désincarné.

Malheureusement, tout ceci n'arrive pas à la profondeur désirée car, Marvel oblige, on n'échappera pas à la bataille ridicule de fin de film opposant gentils, méchants, rinhocéros, poules, chèvres, épées, fusils, sabres lasers et bombe atomique (je caricature un peu). Comme si les exécutifs voulait nous faire avaler leur signature à deux balles en nous rappelant qu'on regarde bien un film s'inscrivant dans une "phase" et non un simple film solo.

Concrètement, Black Panther est un bon divertissement, un bon Marvel, mais encore trop aseptisé "film de super-héros grand public" pour faire date.