Samedi 14
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Certains retours ne se signalent ni par le fracas ni par la surprise. Ils ne frappent pas, ils réapparaissent — comme une présence que l’on croyait dissoute et qui, silencieusement, reprend place dans la pièce. Black Phone 2, sous l’égide de Blumhouse, relève de ce type de réapparition : non l’annonce d’une suite, mais l’installation d’une persistance. Rien ici ne cherche à prolonger un succès ; tout semble tendre vers l’enracinement, comme une voix suspendue qui, après un long silence, recommence à murmurer dans le noir.
Dans ce film, l’image ne se contente plus de montrer : elle glisse, se rétracte, se densifie, comme si chaque plan cherchait sa propre matière. Tantôt nette, presque clinique, tantôt troublée par un grain ancien, elle ne varie pas par coquetterie, mais pour signaler le passage d’un monde à l’autre — réel, souvenir, rêve. Certains instants semblent hérités de Terrifier, non pour leur violence, mais pour ce refus du propre, cette volonté de laisser le cadre respirer sa poussière. Ici, ce que l’on voit n’impose rien : cela résiste, obligeant le regard à demeurer jusqu’à sentir qu’une image peut contenir plusieurs strates d’existence.
La peur ne naît plus ici d’une apparition, mais d’un glissement. Le personnage principal ne lutte pas, il dérive. Ce n’est pas un événement qui le poursuit, mais une torpeur, une fatigue de l’âme où le réel et le songe cessent de s’opposer. Le film se souvient, en silence, de cette mécanique où le cauchemar entre non par effraction, mais par osmose — comme dans ces récits où l’on ne sait plus très bien si l’on dort, ou si l’on se réveille d’une veille plus lourde encore. Il n’y a pas de monstre : il y a ce moment où l’on comprend que la menace n’avance pas vers soi, parce qu’elle était déjà là.
Ce n’est plus, dans cette suite, un simple appel venu de l’au-delà. Le téléphone n’appelle pas à fuir, mais à répondre. Il ne transmet pas la peur : il exige le souvenir. Ce que l’on croyait enfoui — une parole, un visage, une faute — revient par la voix. Le deuil n’est pas traité comme une absence, mais comme une dette. Rien ne vient hanter sans raison ; et si l’on décroche, ce n’est pas pour comprendre, mais pour assumer. Ce que l’on nomme surnaturel n’est ici qu’une insistance : celle de ce qui n’a jamais été entendu.
On serait tenté de comparer ce film à ceux qui, comme It Follows ou The Ring, ont renoncé à faire sursauter pour mieux rester. Mais Black Phone 2 ne se contente pas d’appartenir à cette lignée : il s’y dépose, avec ce poids discret des choses qui refusent de s’effacer. Il n’y a pas ici de triomphe du mal, ni de délivrance du bien ; il y a ce quelque chose, entre les deux, qui attend. Pas un choc, mais une trace. Pas un hurlement, mais un appel dont personne n’a encore décidé de raccrocher.
Il serait aisé de dire que ce film fait peur. Mais la peur n’est qu’un passage. Ce qui demeure, après Black Phone 2, ce n’est pas le battement du cœur, mais ce silence particulier qui suit les choses irrésolues — ce silence où l’on comprend que l’horreur n’est pas ce qui fait crier, mais ce qui, longtemps après, continue de parler.
Créée
le 15 oct. 2025
Critique lue 42 fois
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