Bonjour Sydney... euh pardon... Bonjour Finney !

Une rue déserte. La nuit. Une cabine téléphonique, témoin figé d'un temps où les smartphones étaient un objet de film d'anticipation. Sur la porte, une affiche, agressée à répétition par la pluie, le gel, le vent. Dessus, les mots : "EN PANNE".

Je passe à côté, la tête enfouie dans le col de mon manteau, à hauteur d'épaule pour lutter contre le froid et le vent. Et soudain, elle se met à sonner. Ces vieilles sonneries stridentes et répétitives dignes de celle d'un réveil de la même époque. J'hésite. Elle insiste. Je m'y engouffre, poussé par la curiosité, mais prudent. Je décroche. Un crépitement. Une voix étouffée.

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Je raccroche, énervé de m'être fait avoir mais satisfait d'avoir bravé mes doutes.

Je me demandais vraiment comment, après la fin du premier, Scott Derrickson pouvait tenter un deuxième opus sans sombrer dans la redite inutile ou/et la surenchère gratuite. Il tente le coup et réussi à proposer quelque chose d'inattendu pour faire renaître ce kidnappeur au masque mémorable, mais quelque chose qui ne justifiera jamais l'intérêt de cette suite.

Le plus troublant, c’est que le film n’est pas moche, loin de là. Il y a même une vraie idée visuelle à travers cette vieille pellicule qui vient donner vie aux rêves de la sœur de Finney.

La mise en scène se permet quelques déraillements esthétiques qui fonctionnent plutôt bien (et font mouche si vous avez regardé des films d'horreur sur VHS), comme des petits éclats de création dans une suite qui manque paradoxalement… d’un vrai moteur narratif.

Parce que le problème est là : à quoi bon ?

On peut enjoliver le cadre, jouer avec la texture de l’image, multiplier les visions cryptiques, mais si derrière le film ne raconte rien de vraiment intéressant, ça sonne vite creux.

Black Phone 2 tente de reprendre les éléments du premier qui m'avait un peu laissé sur la touche (le rêve, la connexion au surnaturel, le traumatisme en héritage) contrairement à la tension de l'enfermement et de l'enlèvement que l'on doit principalement à l'aura malsaine qui entoure le personnage joué par Ethan Hawke (devenu simple figure du slasher). Ici, pas de surprise donc, on sait où l'on met les pieds lorsque le fantastique se pointe dès les premières minutes mais le prolongement de ce choix sur lequel tisser le récit reste un peu artificiel. C'est un peu comme tirer un fil pour découvrir qu'il n'y a rien au bout.

Il reste des intentions, oui.

Il reste des images, parfois fortes et une action sur deux tableaux intéressantes.

Il reste une sœur qui essaye de porter sur ses épaules un récit évident qui va creuser un peu dans le passé des personnages mais sans convaincre véritablement.

Pas mauvais. Pas bon. Juste inutile.

Alors voilà : Black Phone 2, c’est comme décrocher un appel de démarchage pour le CPF.

Un peu de curiosité. On espère l'appel d'une vieille connaissance qui aurait changé de numéro.

Et puis on réalise que non ! Tristement. Ce n'est que pour me vendre une formation pour devenir bucheron, patineur, ou pêcheur sur glace.