Vu en avant-première à Bercy en décembre 2010, en présence de Darren Aronofsky.

Je suis personnellement un gros fan du travail du bonhomme et là avec « Black Swan » ça ne loupe pas, encore un nouveau chef-d'œuvre. Le film est ce que j'ai pu voir de plus crédible sur l'enfer psychologique que représente la schizophrénie, l'héroïne passant par tous les états annonciateurs de la maladie : repli sur soi, frustration sexuelle, auto-mutilation, paranoïa, délires de persécution, bouffées délirantes, hallucinations. Mais personne ne va se rendre compte à temps qu'elle sombre dans la folie tant celle-ci semble aller de paire avec la vie d'une danseuse de ballet qui obtient enfin son premier grand rôle. Un film loin d'être confortable, sur la douleur mentale, physique et les sacrifices à faire au service de son art, ici la danse, qui torture les corps pour les transformer par la musique et le mouvement en quelque chose de beau et d'harmonieux.

La descente aux enfers est savamment orchestrée, et entre l'étouffement par une mère intrusive et envahissante (Barbara Hershey), les pressions et manipulations d'un metteur en scène exigeant (Vincent Cassel), la disgrâce d'une étoile sur le déclin (Winona Ryder) et la rivalité avec une danseuse bien dans ses chaussons et à l'aise avec sa sexualité (Mila Kunis), la belle Nina Sayers aura bien du mal à garder l'équilibre pour atteindre son objectif. Et le film de gagner en puissance au fur et à mesure qu'il avance jusqu'à un grand final particulièrement intense et totalement virtuose. Depuis cinq films, Darren Aronofsky nous raconte encore et toujours la même histoire, celle du mythe d'Icare, et cette fois-ci son héroïne porte littéralement des ailes et à vouloir toucher Dieu, va vraiment y laisser des plumes.

Natalie Portman incarne la perfection. L'expression pourrait paraître galvaudée, mais il faut vraiment la comprendre dans son sens premier, c'est-à-dire que l'actrice interprète un personnage qui va chercher à travers la pratique de son art de faire de sa chair un réceptacle pour un peu d'absolu. On ne doute à aucun moment de ses aptitudes de ballerine dans le film tant elle y est absolument prodigieuse. Un rôle très dur, on ne l'a jamais vu aussi fragile, aussi fébrile, elle mérite son Oscar, elle emporte TOUT.

« I was perfect... »

Créée

le 17 juin 2011

Critique lue 1.3K fois

4 j'aime

X-Ben

Écrit par

Critique lue 1.3K fois

4

D'autres avis sur Black Swan

Black Swan
Kalian
2

Je n'irai pas refaire un tour du côté de chez Swan

Je pourrais faire mon hypocrite et laisser ouverte la possibilité que je sois passé à côté du film. Mais d'une part cela ne correspondrait pas à mon impression, et d'autre part il m'a tellement...

le 5 févr. 2011

305 j'aime

247

Black Swan
Aurea
8

De chair et de sang

Peu importe que le film regorge d'excès en tous genres, qu'il mélange conte, thriller fantastique et drame psychologique : c'est un grand film et la vision inspirée du monde ô combien noir de la...

le 25 juil. 2011

271 j'aime

111

Black Swan
Kalès
3

Un peu facile.

Portman qui fait la gueule tout le film : check. Esthétique immonde n'épargnant rien au spectateur en mode "la réalité, c'est moche" : check. Avalanche de bruitages répugnants et exagérés du style...

le 11 févr. 2011

160 j'aime

54

Du même critique

Banshee
X-Ben
6

Le shérif sort de prison

Tout d’abord, « Banshee » est la première série produite par Cinemax que je vois, cet ensemble de chaînes faisant partie du groupe HBO et dont la ligne éditoriale semble en découler, c’est-à-dire...

le 19 mars 2013

14 j'aime

Effets secondaires
X-Ben
5

Sexe, Mensonges et Pharmaco

Vu en avant-première, en présence de Steven Soderbegh et Jude Law. Au début, j’ai pensé que Soderbergh et son scénariste Scott Z. Burns, déjà à l’œuvre sur « Contagion », avaient eu le nez creux de...

le 7 mars 2013

9 j'aime

1

Douze Hommes en colère
X-Ben
9

Les Raisons de la colère

Il était temps pour moi de voir enfin cette œuvre renommée qui truste les cîmes des podiums de SensCritique et de l’IMDb. J’ai apprécié de nombreux films de Sidney Lumet, mais celui-ci m’avait...

le 29 juil. 2012

7 j'aime