Exercice de style: LE film manichéen
Pour ceux qui auraient peur d'aller voir "un film de danse", pas de "Street dance 3D" ou autres "Sexy Danse" et "Shall we dance", ici la danse n'est qu'un prétexte.
Black Swan est un film qui peut paraître facile. Il se base entièrement sur des oppositions: Noir/ Blanc, Méchant/ Gentil, Nina/ Lily, Sexe/ Frustration, musique Classique/ Electro etc. Il est donc certain que quand on aime pas être hyper guidés, on se retrouve bien frustré par Black Swan.
Néanmoins, si on voit cet aspect du film comme un exercice de style, on se dit que Black Swan est sûrement LE film manichéen par excellence. L'opposition entre les deux danseuses principales, entre cygne noir et cygne blanc, et la schizophrénie de l'héroïne sont ici magistralement dépeintes.
Le film pour autant a réussi à me transporter dans son univers. Si au début, les mouvements "caméra à l'épaule" et les gros plans allant jusqu'aux inserts répétés sont un peu tape à l'œil, on s'y habitue vite et finalement, on se rend compte qu'il nous plongent petit à petit dans la peau même de Nina, danseuse à la dérive. Au début, on garde nos distance, nous contentant de jeter un regard par dessus son épaule, et vite, la caméra d'Aronofsky se rapproche, nous faisant basculer irrémédiablement du côté de son héroïne.
Tout les personnages ont leur partition à jouer. Le personnage de Lily: la seconde danseuse, la mère de la danseuse, ou encore la danseuse à la "retraite" sont fantastiques. J'ai du mal avec Vincent Cassel, c'est épidermique, mais ici, j'ai eue l'impression qu'il jouait un peu plus en retenue, et il est au final, assez convainquant en pervers narcissique.
Black Swan est dérangeant. On viole l'intimité de cette danseuse si fragile. On se sent coupables, un peu impuissants, d'assister à son grand plongeon dans la folie. Évidemment, on sait très vite que la fin ne pourra être heureuse, quand on connait un peu l'œuvre de Tchaikovsky. Peu importe, on ressors de Black Swan un peu sonné, sûr d'avoir assisté à une réelle performance d'actrice de la part d'une Nathalie Portman, dont c'est sûrement LE rôle de sa vie.