Est-ce Wesley qui est Blade ou Blade qui est Wesley?

À l’heure où tout le monde parle de Black Panther, le soi-disant premier film mettant en scène un super-héros noir, je me refais mon petit Blade, premier film issu des studios Marvel et redonnant un véritable essor au genre de super-héros juste après que la sortie de Batman & Robin ait tué dans l’œuf toutes les attentes que l’on pouvait encore avoir derrière ce genre de projets. Wesley Snipes, star des films d’action des années 90’s, incarne Blade le chasseur de vampires. Blade est un personnage de comics assez méconnu de ce côté de l’Atlantique mais qui a vu son essor au début des années 70’s en pleine blackexploitation où il défouraillait du vampire (mythe très ancien de la culture européenne) tout en les insultant chaleureusement. Wesley était très proche des studios Marvel (qui ne portait pas encore ce nom à l’époque – d’ailleurs le film est sous la licence d’une maison sœur à la Warner, propriétaire des droits cinématographiques de DC Comics) car il était en pourparlers pour incarner… Black Panther. Et la boucle est bouclée, rentrons maintenant dans le vif du sujet.


Une année avant la sortie de Matrix, Blade définissait que l’imper long noir en cuir était l’élément fashion absolument badass tout en saupoudrant le tout de grosses fusillades et d’une scène d’esquive de balles. 3 ans avant que Vin Diesel affiche son amour dans Fast N’ Furious, Blade se baladait dans une Dodge Charger de ’68 bien trafficotée. Blade, un film précurseur ? Très certainement !



Mother fµ*/€r, are you out of your damn mind ?



Le scénario est simple. Les vampires vivent parmi nous depuis des centaines d’années et ont infiltré chaque strate de la société. Un conseil constitué de vampires de pure race (entendez par là ‘né vampire’) régit ce monde. Deacon Frost, vampire bâtard (entendez par là un souillon qui est devenu vampire par morsure), est en pleine ascendance et ne veut qu’une chose : que les vampires arrêtent de se cacher et dominent ces pathétiques humains qui leur sont inférieurs en tout point. Pour ce faire, il va trouver à travers une vieille prophétie le moyen de réanimer l’esprit du dieu du Sang (comprenez l’être suprême qui apportera l’apogée du vampire).



The goal of course is to be like you, the Daywalker ! You get the best of both worlds, don’t you? All our strengths… none of our weaknesses.



Et une des forces principales du film, c’est d’apporter justement cette menace planétaire de manière simple et correcte sans tomber dans le dramatique ou dans le ridicule qu’un tel script pourrait représenter. Le scénario nous raconte aussi les origines du personnage mais sans devoir faire plein de flashbacks mais simplement par une très courte séquence en ouverture de film et puis par des éléments distillés tout au court de l’intrigue. Cela est dû notamment à une réalisation très efficace de Stephen Norrington (dire qu’au départ, cela devait être David Fincher à la réa, j’aurais bien aimé voir le résultat) qui n’avait encore rien réalisé si ce n’est un film (Death Machine) que je n’ai pas encore vu et qui après se fera connaitre pour la League of Extraordinary Gentlemen (pas forcément de la meilleure des manières d’ailleurs). La réalisation donne un style à l’ensemble de par ses plans qui semblent évoluer comme des cases de comics à certains moments ou de l’animation saccadée que certains plans apportent. Le mouvement des vampires y est grandement amélioré, même si cette technique est assez commune dans le cinéma d’horreur. On retire des images de la séquence pour donner une animation saccadée à l’ensemble. Mais par contre, la même technique utilisée pour une scène de filature automobile, c’est la seule et unique fois de ma vie que je l’ai vu (et j’ai vu un nombre assez ahurissant de films) et le résultat est plutôt agréable. L’ambiance est très travaillée également et chaque scène crée une atmosphère particulière avant d’amener l’action musclée au tout et sans que cela ne soit chiant pour autant.


Et c’est comme cela que l’on crée de véritables scènes cultes comme la scène où Blade entre à l’écran pour la première fois.


Un club underground situé sous un abattoir passant une techno étrangement supportable où un tas de clubbers alternatifs dansent frénétiquement. Un DJ avec deux lampes torches rivées sur son casque enjaille l’assemblée tandis qu’un connard qui pensait se faire sucer dans le quart d’heure qui suit est balancé dans la foule. Soudainement la musique monte en intensité et toutes les mains se lèvent vers le plafond où les sprinklers éjaculent du sang se répandant furieusement sur une foule ayant du mal à se contrôler et sortant les crocs prêt à sacrifier le profane parmi eux… et là… La musique s’arrête, arrêt sur des bottines style ‘écrase-merde’ noires des murmures dans la foule se font entendre « this is him » et on remonte sur la silhouette de Wesley Snipes, plus stylé que jamais. #BloodBath


My Gosch, cette scène a marqué mon enfance !



I don’t think you understand, I mean, this dude is fucking bad ! Like he’s… He’s like… He had twenty guys around him… I was there, man! He’s got shit he throws at you like, like…



Wesley Snipes est à son apogée! On dirait que le personnage a été créé autour de lui tellement il l’incarne avec conviction. Si bien que le personnage du comics a aujourd’hui pris ses traits physiques qui était un peu différents auparavant. Stephen Dorff qui incarne Frost est quant à lui moins saississant à l’écran (Jet Li avait été casté à la base mais il a préféré tourner sur Leathal Weapon 4 plutôt) malgré une prestation solide car physiquement il ne fait jamais le poids face à Blade.


D’ailleurs on n’aura une confrontation directe entre les deux personnages qu’une fois celui-ci légèrement upgradé…


Néanmoins sa fougue rebelle et agaçante est parfaitement exécutée. Le reste du casting malgré des physiques correspondant aux rôles n’a rien de très talentueux mais ils se fondent bien dans le décor.


La musique joue aussi un grand rôle dans l’immersion dans cet univers. Elle est chaque fois adéquate et crée véritablement l’ambiance ou accompagne parfaitement l’action à l’écran. Action qui est bien orchestrée (même si on voit que certaines scènes ont été tournées à l’économie) et mieux chorégraphiée que dans bien des films Marvel actuels. Malgré des décors sombres et beaucoup de pénombres, absolument tout est visible et fluide à l’écran. L’action est aussi à tout moment parfaitement lisible. Rien de plus détestable que l’inverse…



Remember what we told you. You keep your eyes open. They’re everywhere…



Mais bien entendu, tout n’est pas parfait, loin de là.


À commencer par certains effets spéciaux cheaps (les explosions de vampires avec ce sang qui gonfle dégueulassement suite au sérum développé). J’ai lu plusieurs critiques qui disaient que le film avait mal vieilli à ce niveau. Je vous arrête tout de suite, ces effets étaient déjà dégueulasses à l’époque. D’ailleurs en le revisionnant hier soir en Blu-Ray (oui, j’ai investi), ils me semblaient même moins laids que dans mes souvenirs. Ensuite Blade, c’est un peu GTA avant l’heure. C’est le seul type qui fonce en voiture sur un trottoir bondé, tout le monde hurle, puis il s’immobilise et les gens reprennent leur vie, normal comme si rien ne s’était passé. De même quand il sort son gun dans la rue (avec une épée accrochée dans son dos) pour tirer sur un homme s’enfuyant et que les passants s’écartent en hurlant… À la seconde où il range son flingue, la vie reprend paisiblement et les gens passent à côté comme si de rien n’était. #Pratique


Puis il y a également un point débile dans le scénario, cela ne joue pas sur l’intrigue principale mais le coup de l’hématologue qui trouve un remède à l’infection vampire en deux heures de temps avec un petit microscope tout en ayant eu le temps également de développer une arme chimique pour lutter contre les vampires… C’est un peu du foutage de gueule ! Mais bon, ça passe… parce que ça ne joue pas réellement dans la trame de l'histoire.


Bref, pour moi le film culte par excellence de l’univers cinématographique Marvel représentant le meilleur des mondes du cinéma de super-héros, du cinéma d’action et du film fantatisque pour offrir un rôle écrit pour Wesley ! Le rythme est bon, la réalisation est solide, l’ambiance est particulière et très travaillée, en fait… on s’y croirait ! Rien que pour le sourire carnassier de Blade quand il éclate du vampire, c’est un must à regarder à tout prix !

MathiasBaum
9
Écrit par

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Créée

le 17 févr. 2018

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