Bleeder, mais où est le juste milieu ?

Bleeder est un film dramatique du réalisateur danois Nicolas Winding Refn, principalement connu pour ses films Pusher (1 et 2), Bleeder, Drive, Valhalla Rising, Only God Forgives ou encore The Neon Demon. Comme nous la retrouvons le plus souvent dans ses réalisation la violence est au cœur de ses narrations, qu’elle soit liée à la drogue comme dans Pusher ou dans Bleeder la violence conjugale. En effet, les principaux thèmes abordés par l’œuvre cinématographique est la montée de la violence dans un couple suivi de ses répercussions. Pourquoi me suis-je retrouvée à regarder ce film de Nicolas Winding dont la seule autre réalisation que j’ai vu est Drive ? Je ne vais pas le nier plus longtemps, mon principal intérêt était la présence dans les personnages principaux de Mads Mikkelsen. Je voue depuis quelques années une admiration profonde pour cet acteur et découvrant que Bleeder était présent sur le catalogue de OCS j’ai rapidement lancée le film. 
Mais de quoi parle vraiment Bleeder ? Ce long métrage suit les déboires de quatre personnages Leo (Kim Bodnia) un homme qui visite régulièrement un vidéo club tenu par Kitjo (Zlatko Buric) et Lenny (Mads Mikkelsen). Leo vit avec sa copine dans un appartement qui ne semble pas aux normes, Louise (Rikke Louise Andersson), qui est enceinte, désire l’enfant malgré le refus de celui-ci qui ne désire pas élever un enfant dans un monde aussi néfaste. Pris de cours par cette décision et ce que cela engendre, Leo perd peu à peu la tête au prisme d’une violence apparaissant à la suite d’une altercation à l’entrée d’une boîte de nuit (se terminant par un passage à tabac) entre un pakistanais et son beau-frère, raciste, Louis (Levino Jensen). Après cette situation plus que déroutante, Leo se pose des questions sur le port d’armes dans un premier temps pendant les séances de cinéma que partagent entre amis Leo, Kitjo, Lenny et Louis, avant de s’envenimer lorsqu’il commence à bousculer puis taper sa compagne, rendant fou de rage Louis.
Parallèlement, nous suivons la vie de Lenny, cinéphile et homme réservé, qui tente d’inviter et de créer une relation avec Lea (Liv Corfixen) qui est employée dans un snack qu’il fréquente de temps en temps. Contrairement à son ami Leo, la violence reste pour Lenny présente seulement dans les films qu’il visionne, il sera d’ailleurs à plusieurs reprises en désaccord avec celui-ci par rapport à ses divers actes. Si la descente aux enfers n’est présente que pour certains personnages comme Leo et Louis, il semblerait que le discours final du film se tourne vers la possibilité de s’en sortir par le biais d’une future relation entre Lenny et Lea.
L’histoire en elle-même ne m’a pas forcément intéressée plus que cela, mis à part Lenny et Louise que je trouvais attachants, les personnages ne m’ont pas marqué plus que cela. La réalisation et la scénographie par contre était intéressante. L’introduction du film qui semble être propre aux films des années 1990 de Nicolas Winding Refn est originale car, il présente ses personnages à l’écran avec leur prénom et une chanson qui leur sont propres. On retrouve du rock pour la totalité des personnages masculins tandis que les personnages féminins se partagent de la pop et de la musique classique. L’apparition d’écrans rouges après des scènes importantes (et violentes) du film semble incarner la descente toujours plus profonde en enfer de Leo, et les plans fixes centrés sur Lenny permette de cerner son côté maladroit, réservé et enfermé dans son propre monde qu’il ne quitte jamais vraiment entre son travail au vidéo club et chez lui où il continue le visionnage de films. Si je peux désormais ajouter une autre œuvre visionnée de la filmographie de Mads Mikkelsen, le film ne m’aura cependant pas marqué plus que cela principalement par les thématiques abordées dans l’œuvre ainsi qu’un rythme assez lent (sûrement voulu) mais qui ne m’a pas transcendé plus que de raison. J’ai tout de même trouvé la frustration de Leo intéressante, qui sentant qu’il ne contrôle plus sa vie avec l’arrivé de cette grossesse non désirée, de l’obsession de Louise pour celle-ci, introduit une distance entre les deux protagonistes dont les échanges deviennent de plus en plus froid laissant place à une violence physique non méritée. Mais l’aspect de violence pure que l’on retrouve par le biais du passage à tabac, ou encore de la confrontation entre Louis et Leo ne me semblait pas forcément nécessaire (qui plus est, je pense pas qu’elle soit vraiment un bon justificatif pour frapper sa compagne...). Je vais spoiler mais

tout de même kidnapper, attacher par les poignets dans une usine désaffectée et lui injecter le HIV me semble toutefois un peu gratuit (surtout le HIV en fait


). C’est pourquoi je lui mets la note de 6/10.

Jaynnibal
6
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le 16 nov. 2018

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Jaynnibal

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