Blow up and out

Mésestimé dans la filmographie de Brian de Palma en raison d'un accueil critique et public défavorables au départ,

Blow out mérite vraiment le détour tellement il s'avère être un brillant exercice de style au service d'une illustration de plusieurs scandales politiques et d'une réflexion profonde sur la manipulation des images et du son longtemps avant les techniques contemporaines.

C'est aussi le film qui fait de Travolta un adulte et révèle l'intensité de son jeu beaucoup plus subtil qu'on le pense. Lorsque Tarantino relancera sa carrière, c'est surement en rapport avec ce rôle dans un film que le maitre considère comme une de ses inspirations principales.

La réalisation est virtuose. Entre panoramique inoubliable dans la salle où travaille Travolta et travellings somptueux tout au long du film pour relier les éléments disparates et accentuer le suspense dans les moments les plus intenses, il y a de quoi faire pour tout apprenti cinéaste.

Mais c'est surtout ce mélange de sons (BO incluse) et d'images qui portent le scénario (le preneur de son découvre grâce au hasard et à la qualité de son métier qu'un accident est en fait un meurtre), mélange de Blow in d'Antonioni (pour l'image) et de Conversation secrète de Coppola (pour le son), qui fait de ce film une magnifique illustration de ce que le cinéma peut proposer à qui sait écouter et parfois patienter.

En effet, si par hasard vous regardez juste le début du film et que vous trouvez ça nul, n'abandonnez pas, c'est normal ...

Ce début est certes risqué puisque le spectateur peut mal le prendre mais si on persévère, le contraste avec la suite et surtout la fin est impressionnant. Ainsi on perçoit l'ampleur du travail du cinéaste et la différence apparemment infime entre le nanard et le chef d'oeuvre. C'est une leçon pour toutes les écoles de cinéma et un bonheur pour le spectateur.

Certes l'ensemble n'est pas parfait (une certaine lenteur parfois et l'insistance sur les aspects techniques du métier de preneur de sons nous perdent un peu parfois) mais il serait dommage de passer à côté de ce bijou injustement méconnu.