Goulag sans happy ending pour les propriétaires de salons de massages

Je m’attendais, à l’image de Blue Gate Crossing, à une romance tout à fait classique entre 2 femmes où la relation est parsemée de code prédéfinis avec son lot d’embûches et de quiproquos dans une culture et un milieu social qui n’accepte que très peu cet amour. Et c’est exactement dans ce genre de période idyllique que Blue Sun Palace nous plonge durant son prologue. Des personnages simples quoi que filmés intimement, une photographie nous rappelant l’âge d’or du cinéma hong kongais et un grain d’image nous transportant encore plus dans cette nostalgie. Mais une fois 30 minutes passées, on découvre (et c’est assez prévisible si on est attentif dès le début) une dénonciation du système d’exploitation dans lequel les immigrés de l’Asie de l’est vivent en Occident. On y voit la nécessiter de travailler, d’exécuter les ordres, d’aller plus loin que le travail réglementé et encadré car finalement il ne l’est pas réellement. Nos personnages subissent constamment une violence qui n’en est pas une en apparence mais qui se révèle bien plus forte et vicieuse qu’elle n’est pas évidente. Tout cela en exhibant réellement les luttes que peuvent vivre les masseuses ou les préparateurs de commande et comment ces travailleurs arrivent à agir tel qui ne le feraient jamais s’ils n’étaient pas dans le besoin (d’argent comme d’attention).

La colorimétrie est subtilement maîtrisée, et ne se refuse pas d’être catégorique en enfermant les personnages dans un environnement totalement tamisé alors que son interlocuteur est plongé dans une lumière sombre et froide au sein du même plan nous offrant une contemplation profondément naturaliste quoiqu'un peu facile mais qui fonctionne.

Ces personnages qui sont d'ailleurs au sens Dostoïevskien du terme : des monstres. Ils n’agissent que dans leur intérêt et n’hésite pas à utiliser les autres pour se rassurer, pour se faire de l’argent pour avoir une once de tendresse au détriment des autres (je pense évidemment aux 2 personnages qui étaient amoureux de la défunte mais pas que…). Et ces relations s’empêchent elles mêmes d’avancer et de conclure sur quelque chose de concret ce qui rend cette histoire d’autant plus crédible.

La fin me laisse un peu perplexe, faut il y voir quelque chose de romantique ? Je ne pense pas car il n’y a rien à comprendre. Le film nous quitte en réalité comme il à commencé, c’est à dire à un moment aléatoire de la vie de nos personnages.

Laglice
8
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le 10 sept. 2025

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