Pour réaliser une bonne parodie il faut caricaturer au maximum les personnages que l'on veut imiter. Avoir des acteurs benêts, qui affichent sur leur visage des expressions de véritables abrutis est un vrai plus. Il faut jouer avec les codes du genre en rassemblant tous les clichés liés aux personnages et au genre auquel on s'attaque. Parce qu'il faut que l'on reconnaisse les personnages dont on s'inspire, en prendre les défauts les plus connus et les exagérer au maximum. Comme Singer le fait si bien avec la dentition de Freddie Mercury. L'acteur qui l'incarne n'arrive pas à plusieurs reprises du film à fermer la bouche tant sa dentition proéminente le gène. C'est vrai que ça pourrait être drôle, mais se moquer du physique ça n'est pas vraiment joli joli et c'est surtout bien trop facile. Grimer les personnages avec des maquillages et des perruques ridicules est aussi un bel atout. Tout cet amas d'éléments pourrait en faire une excellente parodie, le seul souci est que Singer a tous les codes de la parodie mais qu'il cherche à réaliser un film sérieux sur la vie de Freddie Mercury. Et c'est là que le bât blesse, car le côté parodique n'est pas volontaire un seul instant. Pourtant Singer emprunte constamment la voie parodique, mais il ne s'en rend absolument pas compte une seconde. Le ridicule prime ici, il transpire de toute part et c'est l’énorme problème de ce film qui est d'une grande médiocrité dans sa façon de faire du cinéma. Ce film n'est pas sur Queen mais sur Freddie Mercury, pourtant l'un ne va pas sans l'autre, c'est d'ailleurs dit dans le film, mais le moteur de Queen est la personnalité de son chanteur.


Singer prend les gros traits de Mercury et de Queen et les balance à la tronche du spectateur, sans prendre la peine de tisser le tout. Tout est facile pour Mercury et Queen, ils se rencontrent à la sortie d'un concert pitoyable du groupe de Brian May et de Roger Taylor. Mercury va voir les deux musiciens sur le parking et se propose en tant que chanteur. Le batteur se moque de sa dentition mais une fois la voix entendue, il change d'avis et hop voilà Mercury engagé au poste de chanteur. La vie est vraiment simple. Queen rencontre le succès instantanément au prêt du public et auto-finance un album. Comme le reste tout aussi sommaire, ils vont rencontrer à cette occasion un producteur qui rentre dans le studio par hasard au petit matin d'une intense nuit d'enregistrement. Car le groupe est tellement balaise qu'il fait un album en une nuit, ils ont même le temps d’expérimenter tout un tas de choses, la nuit est une nuit à rallonge de plusieurs jours voir semaines vu tout ce qu'ils y font. On joue aussi la carte Queen était incompris par les crétins du business. La chose est fort possible, mais de là à dire que Queen faisait des choses différentes et pas commerciales, il n'y a qu'à écouter les succès du groupe pour entendre l'inverse. Un titre tel que we will a rock you est clairement créé pour les stades, si ce n'est pas caresser le public dans le sens du poils ça.


Les scénaristes font dire tout un tas de phrases prémonitoires aux différents protagonistes, comme celle dite au pdg d'EMI qui ne comprend pas Bohemian rapshody, il dit dans un an personne ne se rappellera de Queen, et vous n'aurez jamais de disques d'or. Il y a encore ce journaliste qui lors d'une conférence de presse voit dans les paroles de real is life un moyen de chopper une maladie en multipliant les partenaires. Les phrases de ce genre sont pléthore tout au long du film. Et ne sont possible que lorsque que l'on connait l'histoire des personnages, c'est totalement idiot et ridicule. Dès que la moindre note est jouée dans le film c'est un tube instantané, les mecs n'ont eu aucune difficulté à créer des tubes planétaire, ils n'avaient qu'à se mettre derrière un instrument et voilà le travail. Un tube immédiat sans le moindre effort. Il est surement possible d'avoir des chansons qui apparaissent plus rapidement que d'autres, mais que ça soit constamment le cas c'est impossible. C'est d'autant plus impossible que tous les membres du groupe intervenaient. Pour preuve regardez le documentaire sur Metallica pour se rendre compte de la difficulté de créer un album.


La réalisation de Singer est une vraie catastrophe, il appuie toujours où il ne faut pas. Sa façon de mettre en images est d'une grande ringardise, les instants dans lesquels Queen est sur scène sont véritablement cheap. Un domaine dans lequel les Français excellent, nous savons mieux que personne créer le cheap dans les films avec des séquences en boîtes de nuit, avec deux spots et dix pauvres figurants censés créer une ambiance folle. Les acteurs n'ont pas une once de crédibilité, Rami Malek singe péniblement Merrcury dont il adopte l’ensemble des tics, et pour les autres c'est le festival de la caricature et du surjeu. Gwilym Lee, (l'acteur incarnant Brian May) est une vraie catastrophe. Il affiche un air d'abruti total à chaque fois qu'il doit dire quelque chose, bon les autres membres du groupe ne sont pas mieux mais lui est le sommet de l'iceberg. Pour couronner le tout ils sont affublé d'horribles perruques dignes d'un mauvais magasin de farce et attrape. Mais de tout cela la palme du mauvais maquillage revient à Mike Meyers qui affiche une superbe barbe faite en poils de couilles, c'est immonde. Singer croit qu'il tient une bonne idée en clôturant son film avec les 20 minutes de passage attribuées à Queen lors du live Aid, c'est d'une totale crétinerie. On ne croit pas une seule seconde à cette chose qui sent le toc. Non seulement avec ce stade reconstitué en images de synthèse, mais voir ces acteurs faire une mauvaise reconstitution sur un playback est un sommet de ridicule. Enfin c'est l'aboutissement d'un mauvais film qui termine sur le même ton qu'il a débuté, la caricature. La parodie est réussie dommage qu'elle ne soit pas volontaire.

Heurt
3
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Cest bien! La preuve c'est marqué sur l'affiche. et Un titre, un jeu de mots.

Créée

le 9 avr. 2019

Critique lue 480 fois

12 j'aime

3 commentaires

Heurt

Écrit par

Critique lue 480 fois

12
3

D'autres avis sur Bohemian Rhapsody

Bohemian Rhapsody
Sergent_Pepper
3

We will mock you

J’aime bien la musique de Queen. Pendant un temps, ce fut rangé dans la catégorie Guilty Pleasure, en souvenir de mon adolescence, durant laquelle j’ai usé jusqu’à la corde mes Greatest Hits Vol. 1...

le 25 janv. 2019

187 j'aime

20

Bohemian Rhapsody
guyness
3

A kind of tragic

Le problème d'un biopic est que soit il est mauvais et il n'a aucun intérêt, soit il est bon et il risque de remplacer la vie réelle de l'artiste par une légende hollywoodienne dans l'imaginaire...

le 24 janv. 2019

138 j'aime

49

Bohemian Rhapsody
Vladimir_Delmotte
3

Un agréable moment de poudre aux yeux

Projet au développement difficile (environ 10 ans tout de même), "Bohemian Rhapsody" est un film destiné à déchaîner les passions. Au départ prévu avec Sacha Baron Cohen dans le rôle-titre (et avec...

le 14 nov. 2018

103 j'aime

19

Du même critique

Star Wars - L'Ascension de Skywalker
Heurt
2

Le jet d'ail.

En voilà une chose qui en fait du vacarme, ça bouge dans tous les sens mais pourquoi? Pour faire du divertissement, c'est pour cela que Disney a acheté la licence Star wars après tout. La société aux...

le 18 déc. 2019

79 j'aime

44

Jojo Rabbit
Heurt
4

Rabbi Jocob

L'endoctrinement de la jeunesse Allemande est le sujet de ce Jojo Rabbit, qui voit Adolf Hitler comme la seule voie à suivre. Adolf est là constamment pour le petit Jojo, il est son ami imaginaire...

le 28 janv. 2020

66 j'aime

16

Once Upon a Time... in Hollywood
Heurt
5

Cette fois il est temps.

Les années 60 à 70 ont été une très bonne période du cinéma, elles étaient inventives et permissives. Pourtant la censure était omniprésente, mais les cinéastes trouvaient tout un tas de stratagèmes...

le 28 nov. 2019

55 j'aime

6