Après son pote François Civil dans Le Chant du Loup, c’est au tour de Pierre Niney de jouer les oreilles absolues dans Boîte Noire, un thriller paranoïaque qui nous plonge avec audace dans l’enquête d’un crash aérien…


A la croisée entre Snowden et Le Chant du Loup, le film épouse cette tendance propre au XXIe siècle – et aux séries TV – consistant à confier les enquêtes policières à des surdoués arrogants, souvent sociopathes et geek autant que faire se peut. Alors, forcément, on s’attend plutôt au polar moyen qui va simplement miser sur une sombre affaire portée par un héros mal dans sa peau : la recette miracle ayant fait le beurre des séries policières de ces vingt dernières années.


Sauf que, sous ses faux-airs de petite enquête sur fond de crash, Boîte Noire se révèle bien plus ambitieux qu’il le laissait paraître, et ce dès son plan-séquence d’introduction. En effet, si le film ne peut se libérer des poncifs du genre (l’enquêteur fou esseulé dans ses convictions, le coup du transfert de données en pleine nuit sur clé USB, le héros qui hurle en envoyant valser son ordinateur…), il peut compter sur un scénario rudement bien troussé ainsi que sur une véritable identité sonore et visuelle pour se démarquer du polar lambda.


Désormais rompu aux codes du thriller, Yann Gozlan exploite à merveille ses environnements de jeu à la faveur d’un cadrage au poil, d’une photo splendide et d’une ambiance joliment feutrée. La bande-son, hypnotique et organique, sublime l’image et saisit le spectateur à chaque envolée, signe d’un fabuleux travail créatif. En témoigne un final asphyxiant qui transforme Boîte Noire en véritable thriller d’action.


Comble de l’histoire, le perfectionnisme de la réalisation s’aligne à merveille sur celui du personnage de Mathieu, enquêteur parano et méthodique, tendance autiste. A ce petit jeu, Pierre Niney est d’une implication féroce. Lui qui avait déjà incarné un Mathieu Vasseur devant la caméra de Yann Gozlan dans le non moins efficace Un Homme Idéal se révèle décidément redoutable dans la catégorie polar. Tout comme ses camarades de jeu, peu connus du grand public – exit André Dussollier – mais tous très adroits dans l’art de faire jouer l’ambivalence : facteur clé de succès d’un thriller.

Maître-Kangourou
9

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Créée

le 12 janv. 2022

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