Précisons avant toute chose, parce qu'on l'a trop entendu à la sortie des salles, et que la réalité est plus étonnante : Non, Boîte Noire n'est pas une histoire vraie (ni même "inspiré de"), il s'agit bien d'un scénario original malheureusement rattrapé par l'actualité ("l'histoire vraie" marche donc dans l'autre sens : c'est une fois le film bouclé que les avions Boeing 737 Max ont commencé à se crasher du fait de
l'automatisme qui a pris le pas sur les commandes manuelles des pilotes, ce qui a pu passer entre les mailles des bancs d'essais sécuritaires car ces derniers ont été...trafiqués. Oui, tout comme dans Boîte Noire. On n'en revient pas que le film a été tourné avant, tant la réalité a ensuite collé au scénario.
... Visionnaire, Yann Gozlan !). Outre cet aspect "fiction devenue réalité" extraordinaire, le scénario de Boîte Noire est ce qui lui fait pourtant défaut, venant grignoter le jeu très pro de Pierre Niney (on l'aurait même aimé un brin moins sage, mais il assure un service très convaincant), la belle mise en scène (les effets de caméras style travelings circulaires et de bruitages distordus pour montrer la folie parano du jeune homme sont très bien amenés), voire même la fin qui nous a laissé un goût amer. On parle bien sûr des ressorts narratifs tirés par les cheveux, en-dehors du héros qui est un Sherlock Holmes surdoué et bas à plate couture Chaussette (du Chant du Loup), nous parlons plutôt du réseau formidable qui capte absolument partout (même au fond des bois, au milieu d'un lac, au centimètre près... Visiblement, on devrait changer de fournisseur, on est jaloux), des policiers chargés de l'enquête qui ont dû passer devant les indices les yeux fermés (tandis que le héros n'a qu'à se baisser pour les ramasser), du
PDG qui est le seul à ne pas être au courant de la révélation de son secret honteux (alors que tout le monde le sait depuis un moment, en témoigne le JT de France 2 - qui n'est pas "en direct" - qui est enregistré une bonne heure auparavant de sa diffusion...), avec la petite scène risible qui va bien : personne dans la conférence n'a coupé son téléphone, la femme a pu avoir accès à la vidéo de présentation et changer son contenu sans problème, les policiers sont déjà là pour arrêter le vilain...
Clairement, on s'attendait à plus fin, comme scène de résolution. De même que les explications de hacking nous ont laissés dubitatifs : non, on ne peut pas débrancher un système fauteuil sans que cela ne soit signalé par un témoin lumineux, et le hacking de la voiture qui se fait en une seconde... Même Elliot Alderson n'y arriverait pas. Mais après tout, nous sommes là pour le divertissement, et si les 2h10 se font bien ressentir, ces quelques scènes peu crédibles mais qui nous font rêver, nous entraînent avec elles dans l'enquête, restent les plus agréables à suivre, aux côtés d'un Pierre Niney à l'aise et d'un scénario devenu réalité, ce qui fait froid dans le dos. On espère qu'il y aura toujours ce genre de films "à la Erin Brockovich" pour taper sur les sujets qui ont besoin d'une leçon d'humanité.