Un thriller glaçant et haletant

Boite noire est le nouveau thriller de cette rentrée cinéma et représente ce renouveau du cinéma français décidément bien inspiré depuis plusieurs mois. Il faut dire que le genre était délaissé ces dernières années dans l’Hexagone avant d’être remis au jour avec des films à succès comme Le Chant du loup en 2019 dont il a évidemment des similitudes. Le long-métrage peut s’appuyer sur un casting jeune et talentueux avec Pierre Niney en tête, on souligne également la présence du vétéran André Dussollier, toujours parfait. L’introduction nous immerge directement dans cette avion qui va connaitre un destin tragique. C’est aussi l’occasion pour le réalisateur, Yann Gozlan, de faire promener sa caméra avec intelligence. Cette immersion a le mérite de donner le ton. C’est aussi l’occasion pour le metteur en scène de retrouver Pierre Niney après avoir collaboré ensemble sur Un Homme idéal en 2015, déjà dans le registre du thriller. On fait ensuite la connaissance du héros principal qui travaille dans les locaux du BEA, le Bureau d’Enquêtes et d’Analyses pour la sécurité de l’aviation civile, qui va apprendre le crash de cet avion dans les Alpes. Cependant, trop méticuleux dans son quotidien, il va se mettre à dos certains de ses collègues et se verra mis en retrait sur cette enquête et l’analyse de cette fameuse boîte noire. Cependant, suite à la disparition étrange de l’un de ses collègues, il se verra finalement affilié à cette enquête qui patine. Habitué au travail de l’ombre, il sera rapidement sous le feu des projecteurs et gagnera du galon au vu des résultats. Il faut noter l’écriture du personnage qui peut compter également sur la prestation solide de Pierre Niney, prouvant au passage qu’il peut tout jouer, entre la comédie et le drame. En effet, on a pu le voir récemment dans le dernier volet OSS 117, Alerte rouge en Afrique noire. Il livre ici une autre facette prouvant la diversité de sa palette. De manière générale, l’ensemble des acteurs est au diapason. L’originalité de ce film est de miser sur les coulisses de cette affaire et moins sur l’aspect spectaculaire avec une action minimaliste et en cela le long-métrage gagne de la profondeur. C’est aussi la preuve que la trame scénaristique est d’une efficacité redoutable et parvient à nous happer dans cette enquête. Ainsi, le long-métrage se focalisant davantage sur son intrigue, il distille de vrais moments de tension. On ne s’ennuie jamais tout simplement, l’intrigue est bien rythmée et on suit avec intérêt cette enquête. Il faut signaler également la musique qui participe à renforcer la noirceur de ce récit avec des tonalités qui font leur effet. Quant à la caméra, elle se montre audacieuse avec une photographie certes classique mais globalement soignée. La fidélité de la retranscription de cette enquête impressionne à partir de laquelle le film nous entraine progressivement dans les méandres d’un vaste complot. Le spectateur à l’image du protagoniste sera amené à découvrir des révélations sur ce crash. Elles auront en parallèle des conséquences pour le personnage de Pierre Niney, à la fois avec ses proches mais évidemment au sein de son travail. Cette enquête tourne progressivement vers l’obsession voire à la paranoïa au risque de s’isoler. A travers cette affaire, il sera confronté également à son passé. Si le film reprend facilement les codes du thriller, il le fait bien, tout est savamment dosé dans ce thriller haletant. L’histoire nous emmène vers une conclusion qui ne laisse pas insensible et si elle peut se montrer un poil cliché, cela n’enlève en rien à la qualité de l’écriture. Les auteurs sont parvenus avec succès à nous accrocher à ce suspense de la première à la dernière minute. C’est à se demander finalement si le cinéma français ne se montrerait pas plus audacieux que Hollywood depuis la réouverture des salles en enchainant les films de genre originaux et efficaces alors qu’Outre-Atlantique, on se contente simplement de suites et remakes souvent feignants. Il y a bien que quelques projets comme le récent Dune pour nous faire mentir mais l’arrivée de Boite noire sur les grands écrans témoigne de cette mouvance de nouveaux metteurs en scènes français qui n’hésitent pas à nous offrir une proposition souvent originale et intrépide. On croise les doigts pour que cela continue dans les prochains mois.