Voici un film injustement méconnu, injustement récompensé...
Qui part dans tous les sens et ce, dans les meilleurs pour une fois !
Tout y est brillant, étincelant, captivant, mais un peu compliqué à suivre tant les actions ne s'arrêtent pas : on s'y perd comme dans un labyrinthe ! D'ailleurs résumer un imbroglio pareil constitue la quadrature du cercle... On va essayer quand même : rétro :
Au début de la seconde guerre mondiale en 1941, tout le gotha parisien se réfugie à Bordeaux, ministre en tête... Mais pas que... Un fan, Frédéric, dégingandé, amoureux platonique d'une actrice aussi capricieuse que célèbre qu'il a connue alors qu'elle, était inconnue,, fait aussi le voyage pour la suivre... Groupie disait-on dans les sixties... Tous ces transfuges vont y vivre une nouvelle vie dont les relations vont se croiser, se rejoindre, s'éloigner de nouveau... mais suspense : Frédéric va-t-il arriver à ses fins ? Un nouvel amour va-t-il naître pendant que d'autres se haïssent ?
L'aventure ou plutôt les aventures sont incessantes, et du début à la fin, l'action ne se refroidit pas une seconde : je n'ai du reste pas tout compris tant les faits se suivent et ne se ressemblent pas, ce à une cadence effrénée ...
Au point qu'on se demande comment Jean-Paul Rappeneau lui-même (1932/----) le réalisateur scénariste, s'y est lui-même retrouvé au milieu de ces (à la louche) mille quatre cents plans, au-moins, cinq lieux de tournage recensés...
C'est du "léché, du sur-mesure pour directeur de la photo : tout est prévu, millimétré, et les régisseurs foisonnent.... Sauf hélas ce titre neu-neu des distributeurs qui ont sûrement nu beaucoup i et agi comme repoussoir pour les spectateurs et spectateuses...
Jugez du peu : Rappeneau s'est adjoint pour son récit, du talentueux Jean Patrick Modiano,
( 1945/----) dit Patrick Modiano , dont le père était féru de mystères. Mais qu'il décidera de ne plus revoir et dont la mort restera, elle aussi, une énigme non élucidée tout comme le lieu de l'inhumation.
Patrick est scénariste, parolier, dramaturge, écrivain, essayiste, membre de jury de prix littéraire (...) et a entre autres fait des études au lycée Michel Montaigne de Bordeaux... Ville où se passe l'essentiel de l'action.
En 2014, son œuvre sera couronnée par un prix Nobel pour « l'art de la mémoire avec lequel il a évoqué les destinées humaines les plus insaisissables ,et dévoilé le monde de l'Occupation » Ce qui aide à mieux comprendre les fondements de ce film complexe mais très réussi...
Avec une aussi bonne histoire, les bonnes fées du casting se sont, elles aussi, penchées sur les choix d'une pléthore de bons comédiens qui semblent transcendés sous la houlette de Rappeneau, lequel avait quand même 71 balais quand il a créé cette réalisation...
Je n'ai pas réussi à trouver quel était le responsable de cette distribution...
Tel Gregori Derangère qui transperce l'écran et vit superbement son personnage plus qu'il ne le joue... Même s'il n'est guère difficile d’interpréter l'amoureux transis d'une isabelle Adjani, radieuse à jouer les coquines... Il sera du reste "césarisé" comme jeune espoir masculin du cinéma...
Virginie Ledoyen et Yvan Attal y réalisent un chef d’œuvre de composition parfaite, et même Depardieu, ouis oui notre Gégé si médiatique pourtant, occupe ici avec brio un rôle à contre-emploi, empreint pour une fois de sobriété surprenante : un stupide ministre aveuglé par une jolie femme et qui cède à tous ses caprices...
Même Vuillermoz (utilisé dans un second rôle ) semble sorti de ses rôles habituels et fait une apparition remarquée. On cherche en vain une erreur de choix...
Tout comme dans les décors, la photographie césarisés eux aussi... Je serai un peu plus nuancé sur la musique, trop parfaite pour s'intégrer à ce scénario et pas assez populaire et s'y immiscer dans ce joyeux bazar pas lugubre lui....
Pas d'anachronismes non plus, toujours difficiles à éviter dans un film ancien : je n'en ai détecté qu'un bien difficile à détecter mais par contre, les voitures anciennes sont parfaites.
Que dire de plus ? Une fin superbe vient auréoler ce chef d’œuvre (pour moi) de Rappeneau dont la morale pourrait être que l'amour triomphera toujours de tout, même en période de guerre et de mort...
Perfectionniste, le réalisateur auxerrois de naissance mettait très longtemps à préparer, dorloter ses films : la raison pour laquelle il n'aura fait que huit longs métrages au cours de la période de 1958 à 2015 : celui-ci est son avant-dernier : en forme de feu d'artifices !
Pensait-il qu'un jour, il verrait à nouveau les atrocités de guerres dans les années 2020 ?
Hélas, cette belle réalisation n'aura pas connu un triomphe : 796 720 spectateurs...
A l'aube du nouveau millénaire, le public aurait-il boudé le passé de l'ancien ?
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Arte les 08 et 10.05.2024-