Avant de dépoussiérer les terres du polar, dans Trainé sur le bitume (2019) S. Craig Zahler s’était occupé de le faire dans le grand ouest, livrant avec Bone tomahawk un western quasi primitif lorgnant vers le cinéma horrifique. S’il fallait le réduire à deux influences, on parlerait en effet d’un croisement improbable entre La prisonnière du désert et Cannibal hollocaust.


 Quelque part entre le Texas et le Nouveau-Mexique, dans la paisible ville de Bright Hope, une mystérieuse horde d’indiens en quête de vengeance kidnappent plusieurs personnes. Pour tenter de les sauver, le shérif local, accompagné de quelques hommes, se lance à leur poursuite dans le désert. Ils affronteront bientôt une tribu troglodyte cannibale. 
Zahler se paie un casting hétéroclite de premier choix : Avant de reprendre du service chez Tarantino (Les douze salopards) Kurt Russell incarnera ce shérif loyal et déterminé ; Richard Jenkins, son adjoint, sera le parfait old man bavard et dévoué ; Le rescapé lostien Matthew Fox sera l’as de la gâchette, froid, taiseux et méthodique ; Patrick Wilson, qui tourne en parallèle dans la série Fargo, jouera le rôle du mari éclopé prêt pour venger sa femme kidnappée, incarnée par une Lili Simmons à peine sortie de Banshee ; quant à David Arquette, il sera (aussi poissard que dans la saga Scream et) celui par qui tout débute : C’est en marchant sur un étrange cimetière qu’il déclenche la colère barbare.
Il serait dommage de réduire Bone Tomahawk à sa galerie d’interprètes, le film a de nombreux atouts, mais ce qui frappe c’est combien ce projet s’avère aussi jusqu’au-boutiste dans sa trame narrative qu’archi classique dans sa forme : Pour le coup, le film fait le job mais sans briller, magnifiant assez mal ces grandes terres arides et collines hostiles, réduisant ce village à un petit théâtre tranquille hors-champ. A ce petit jeu, il me semble que la série Godless s’en tirait nettement mieux.
Le film se vengera autrement. Sur les terres de l’horreur. Il est impressionnant car frontal. On en sort sur les rotules, notamment à cause d’une scène quasi insoutenable, de scalp et découpe vivant d’un adjoint noyé dans ses râles de souffrance. Mais aussi avec des images de femmes enceintes aveugles coincées dans d’atroces cavernes. Et last but not least, un hurlement terrifiant, provoqué par un étrange os sonore, greffé dans les jugulaires des guerriers sanguinaires. Ce cri-là, tu t’endors (ou pas) avec, je te le garanti.
Pour autant, Bone tomahawk est un film très calme, qui prend son temps. Creusant son beau quatuor de personnages archétypaux, avec entre autre de belles lignes de dialogues autour de feux de camp, une écriture globalement inspirée qui ne tombe jamais dans le prêchi-prêcha ronflant, une musique discrète tout à fait adéquate et un sens de la démesure qui tombe à pic. Décidemment passionnant ce S. Craig Zahler. Il me faut voir Section 99.
JanosValuska
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le 26 nov. 2020

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