Opus préféré de Sir Connery himself parmi ceux qu'il a tournés, le charme de ce "From Russia With Love" n'aura toutefois pas vraiment opéré chez moi, contrairement à "Dr No", pour citer le plus frais dans mon esprit. Apparition de l'énigmatique Blofeld (on notera bien le point d'interrogation en lieu et place du nom de l'acteur lors des crédits de fin). Grande première du grand Desmond Lewellyn en Q, ainsi que de la traditionnelle séquence pré-générique. Dernier rôle de Pedro Armendariz (Kerim) et baroud d'honneur pour Fleming qui décèdera peu avant la sortie de l'opus suivant, "Goldfinger". Autant d'éléments qui laissaient augurer d'un épisode mémorable. Si le second volet mettant en scène l'acteur écossais a indéniablement gagné en glamour, cela aura été au détriment de la cohérence. L'effet "yeux plus gros que le ventre" ?


Kronsteen and the Queen
Number Five, alias Kronsteen, champion d'échecs de son état, élabore un plan machiavélique visant à subtiliser un appareil dernier cri, tout en se débarrassant de 007, vengeant ainsi la mort du Docteur No. Un plan impliquant forcément une belle plante. Number Five n'a pas le droit à l'erreur, le SPECTRE ne tolérant pas l'échec. Cependant, ne pas envisager la défaite lorsque l'on se frotte à 007, c'est bien mal connaître notre James, qui se jette tout à fait consciemment dans le piège qui lui est tendu. Après tout, celui qui réussira à lui damier le pion n'est pas encore de ce monde. Aussi infaillible soit la stratégie mise en place par l'agent du SPECTRE, aux yeux du Dom Juan du MI6, elle ne casse pas(rov) trois pattes à un canard. Si Connery est une fois de plus irréprochable, au même titre que la distribution dans son ensemble (miam la très charmante et doublée Daniela Bianchi), la mise en scène parfois brouillonne enchaîne nombre de situations peu crédibles, à l'image de la fusillade dans le camp tzigane, confuse au possible et avec un Bond qui se promène au beau milieu d'un déluge de balles. Ces séquences agrémentent un récit pourtant bien ficelé, à base de dialogues soignés et une aventure plaisante dans son ensemble à défaut d’être toujours bien rythmée.


L'amor aux trousses
Un an après James Bond 007 contre Dr. No, et tandis que le Fou du roi conspire sur l'échiquier, les producteurs brandissent le chéquier. Un Bond en avant question budget qui se traduira assez curieusement par un "From Russia With Love" au rendu bien plus kitsch que son prédécesseur. Si si, soyons sérieux deux minutes. La scène finale avec incrustation douteuse et faux-raccord inclus, on en parle ? D'autant plus frappant lorsqu'on redécouvre le film en Haute Définition. Si les aventures de l'agent secret britannique le moins secret proposent toujours un fond de machisme latent, l'intrigue quant à elle est en avance sur son temps, l'un des éléments clés étant une sextape, et la James Bond girl tombant amoureuse de Bond en découvrant...une photo ! La génération Facebook avant l'heure. La donzelle finira par le suivre partout où il ira, ou presque. Un mot pour ne pas oublier la prestation de Robert Shaw: ce dernier incarne Grant, patronyme assez ironique vu les inspirations à peine dissimulées du long métrage de Terence Young. Sorte d'Ivan Drago d'une époque révolue, ce Quint décoloré donnera du fil à retordre à notre adepte du Martini (qu'il ne commandera même pas dans cet opus).


Si cette aventure de 007 est vaguement en rapport avec la Russie, "From Everywhere but Russia with Love" aurait sans doute été un titre plus approprié. Infiniment moins glamour que le titre final, j'en conviens.

Gothic
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le 3 mai 2015

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Gothic

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