Un an après avoir lu la version roman de Bons Baiser de Russie (et 188 critiques après) je me suis dit que j'allais peut-être voir ce que le cinéma en a fait. Et surprise : j'aime mieux.
Le livre de Fleming était vraiment structuré bizarrement, avec au moins un tiers basé sur le plan des russes pour tuer James Bond, puis James Bond en Turquie, puis un dernier tiers qui se passait dans l'Orient Express. Pour le coup, le film dynamise ça complètement, en raccourcissant la version "plan" et en y ajoutant les passages habituels des James Bond filmique : lui qui est appelé alors qu'il est avec une femme, le flirt avec Miss Moneypenny et Q qui présente des gadgets. De plus, le film se complexifie l'intrigue en y ajoutant le Spectre et présentant Blofeld pour la première fois. (Dans le livre, les méchants sont les russes, point.)
Après, je reste assez content d'avoir lu le livre tout de même, ne serait-ce que parce que certains points sont assez évacués au niveau de la présentation, notamment l'importance (et l'utilité) d'une machine Lexor/Spektor et l'explication de l'absurdité de la mission, Tatianna écrivant au MI-6 pour dire qu'elle est amoureuse de James Bond sans jamais l'avoir rencontré. (Ce dont ils doutent eux-même de la véracité dans ce film.)
S'il garde les mêmes passages en Turquie (notamment un combat entre bohémienne bien gratuit) il fait de Karim un personnage un poil plus sympathique et allonge le passage dans l'Orient Express quitte à rajouter plus de moment d'action a la toute fin, notamment une bataille contre un hélicoptère et une fuite en bateau. Ce qui donne un film où les scènes d'actions sont principalement concentrées sur la fin, mais ça reste très fun à voir. (Purée, ils ont cramés un hélicoptère.)
Et puis, le film arrange la fin ouverte du livre : James Bond ne meurt pas et il finit avec Tatiana bien vivante. Ils en profitent aussi pour inclure toute une séquence dans les canaux de Venise, parce que ... bah, pourquoi pas se faire plaisir.
Bon, ça reste du James Bond de l'époque, ça prend parfois son temps sur les deux heures, c'est ultra-sexiste (le générique est littéralement filmé sur le corps de femmes) et les one-liner de Bond sont particulièrement mauvais. Mais bon, la cinématographie du film rattrape tout ça : il y a une pâte année 60 et des plans particulièrement sympathique (Grant qui suit James Bond depuis les cabines du train) et le flegme total de Sean Connery qui semble totalement imperméable à la panique.
J'ai une forme de pitié pour Tatiana, enfin surtout de la pitié : elle est persuadée qu'elle va se faire extrader en Angleterre et finir en couple avec James, un couple avec des enfants et tout et tout. On voit visiblement que l'autre s'en fout complètement (lorsque Grant annonce qu'il compte la tuer, il sourcille à peine) et le spectateur de 2024 que je suis, SAIS qu'elle va se faire débarquer entre deux films.