3 semaines après avoir vu Boyhood je me rends compte d'une chose: je ne me souviens presque de rien. Après la séance je me suis dit que ce film passait très vite, et donnait une sorte de vertige du temps qui passe, mais comme le ferait un album photo. En fait j'ai l'impression que la démarche de Linklater confine presque à une forme anti cinématographique, c'est à dire que la narration du temps vécu broie justement la sensation de durée qui devrait s'exprimer dans le plan en lui même. Hier, devant une image de La Maman et la putain (le monologue en plan fixe de Veronika), j'ai eu ce ressenti qu'on ne trouve pas dans Boyhood, c'est à dire que face à l'image elle-même, j'ai tremblé, j'ai été ému, j'ai ressenti quelque chose de direct, de cinématographique. Aussi ce plan, et ce film, je pense qu'ils me marqueront, alors que ce vertige que j'ai pu ressentir à la fin de Boyhood, je l'ai déjà oublié, et il n'y a pas une émotion face à l'écran dont je me souvienne. Paradoxal ce film sur le temps qui ne laisse pas la durée exister dans le plan, "le moment qui nous saisit"? Oui mais au cinéma, on saisit le temps justement. Dans le genre exercice de mémoire, la démarche de Tarkovski avec Le Miroir me semble bien plus pertinente, parce qu'il s'agit d'un film dans lequel on vit, dans lequel le temps laisse une emprunte, un film dont on ne cesse de se souvenir alors qu'ici on ne fait que regarder un enchaînement de "moments" sans valeur temporelle, sans emprunte sensorielle. Je dois dire que j'ai désormais la certitude de ne pas aimer Boyhood.
JohnnyBlaze
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le 16 août 2014

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