Le cinéma populaire français a toujours réservé une place de choix au simple d’esprit ayant grandi à l’écart et qui, pour une raison quelconque, est mis sous le feu des projecteurs : Bourvil l’a incarné dans les années 50 et 60, Jean Lefebvre dans les années 60 et 70, désormais concurrencés par Dany Boon et ses avatars sympathiques. La naïveté est érigée en héroïsme ordinaire face au préjugé selon lequel intelligence rime avec malveillance. Dans l’esprit du récent et décevant Second Tour (Albert Dupontel, 2023) ou déplorable La Vie pour de vrai (Dany Boon, 2023), C’est magnifique ! déracine un orphelin botaniste et amateur de miel pour mieux le projeter à Lyon sur les traces de sa mère biologique ; sur sa route, il rencontre des marginaux comme lui, à savoir des travestis, des femmes partageant sa solitude, des séniors vivant dans un hospice, de façon à recomposer une famille de substitution sous le soleil et les fleurs.
Les incohérences du scénario, importantes, semblent justifiées par la forme de la fable, qui saupoudre d’une magie lourde et superficielle un ensemble très prévisible. Plus le film avance et plus son imaginaire écrase ses personnages et leurs enjeux sensibles, invalidant toute progression du héros alors même qu’il s’agit là d’une nécessité chère au récit d’apprentissage. Le décalage entre l’innocence et l’ignorance d’une part et la réalité nouvelle dans laquelle elles s’appliquent d’autre part finit par agacer, la faute à une mise en scène dépourvue de tempo comique. Une tentative honnête mais insuffisante.