Nous flottons tous... de 1990 à 2017

Je le reconnais tout de suite : j'aime assez bien Stephen King (et plus son côté science-fiction qu'horreur, en vérité) mais je n'ai jamais lu IT (ÇA) - je compte bien y remédier un jour ou l'autre.


En attendant, j'ai en revanche vu, adolescent, le téléfilm en deux parties de 1990, et comme la plupart des ami·e·s à l'époque, j'en ai été terrorisé - on passera juste sous silence la scène de fin, qui était déjà risible en son temps et a solidement pris une ride aujourd'hui.


En 2009, j'apprenais qu'un remake/reboot de IT était prévu pour 2011, c'était alors David Kajganich qui était pressenti pour l'écriture. Depuis, des ami·e·s fans du téléfilm et moi avons suivi attentivement les multiples péripéties de cette adaptation, qui a été annulée, reportée, et quasiment jetée aux oubliettes - pour finalement sortir, un peu plus tôt chez nous que chez nos voisins européens, ce 6 septembre 2017 (d'après wiki on serait même les tout premiers!)


Aux commandes, Andrés Muschietti. Cet Argentin n'a commencé qu'il y a 4 ans sa carrière de metteur en scène, avec Mama, un film assez terrifiant que je conseille ardemment. Je pense que c'est une bonne idée d'avoir fait appel à un réalisateur jeune dans le métier, surtout pour une adaptation aussi chargée en attentes.


Pennywise (Grippe-Sou), le clown: mais qui donc va l'incarner? Il y a eu beaucoup de discussions sur le sujet, même Hugo Weaving a été contacté, et c'est finalement le petit frère Skarsgård (Bill) qui s'y colle - avec brio.
N'y allons pas par quatre chemins : ce qui va déterminer le succès de IT, c'est l'interprétation de Pennywise, et Bill Skarsgård y réussit extrêmement bien. Il l'a dit lui-même, il craignait un peu l'ombre de Tim Curry, mais bon après tout il est né l'année ou le téléfilm est sorti, alors l'eau a coulé sous les ponts - dans la gouttière, oserais-je même dire ? ..


Son sourire carnassier, les lentilles de couleur, le maquillage revu, et le costume plus "dark clown" façon American Horror Story ... Glauque à souhait, effrayant, terrifiant, le Pennywise 2017 est une réussite. Il n'a pas ce côté "fantoche" qu'avait parfois sa version 1990 (qui était un choix réussi aussi en son temps), ici on mise beaucoup plus sur la terreur primale, que les effets spéciaux de notre époque permettent davantage : il va y avoir des dents, des changements de taille, et autres effets frissons garantis. Les différentes incarnations de IT selon les terreurs respectives des enfants, sont toutes très bien rendues aussi, et collent parfaitement à l'ambiance. C'est du reste une critique que j'ai lue quelques fois sur ce site : le film deviendrait plus "de démon" que "d'horreur"; il reste je suppose dans l'ère du temps/


Le film est monté un peu étrangement. Si l'on peut accepter que pour la partie où les enfants vivent individuellement leur expérience avec IT, les transitions sont un peu sautillantes, en revanche à partir du moment où le Losers' Club est une entité qui se construit contre IT, on devrait avoir plus d'unité et de fluidité. Or les transitions sont un peu maladroites, on dirait qu'il y a des coupures de scènes (le film étant déjà assez long, 2h15) un peu étranges - "Tiens mais il n'était pas dans cette salle dans les égouts il y a 10 secondes", etc. Cela rend le sentiment d'immersion un peu moins puissant, et pour les néophytes de l'histoire, peut être un petit peu déroutant. Comptez aussi les "jump scares" un petit peu trop présents (certains prévisibles, d'autres moins) auxquels je préfère les ambiances lentes et glauques, généralement plus stressantes. Celles-ci sont également présentes dans le film, heureusement.


Le choix des acteurs est judicieux. Les enfants sont vraiment convaincants, on aura du reste déjà vu Finn "Richie" Wolfhard dans l'excellente série Stranger Things l'été dernier. Ils jouent avec honnêteté la personnalité de leur personnage, entre l'hypocondriaque, le comique et le bègue, ils sont justes et échappent aux stéréotypes et autre envie de massacre souvent suscitée par les enfants dans les films du genre ...


Mention spéciale aussi aux décors, particulièrement réussis et immersifs. Je faisais justement référence à Stranger Things, on est un peu dans la même réussite niveau "nostalgique 80's", musique en moins - sur ce point on reste dans du classique horror flick bien stressant.


Cela fait tellement de temps qu'on l'annonce que j'avais des attentes un peu trop élevées pour ce film, je suppose ... du coup, à mes yeux, ce n'est pas le chef-d’œuvre que j'espérais mais on est sur une adaptation bien fignolée en presque tous points.


Comme pour le téléfilm, cette nouvelle version est prévue en deux parties, si le budget le permet. Nous attendrons la deuxième partie, et pour ça il faut que la première soit rentable, donc allez le voir au cinéma, merci bien ! :-)

Zebix
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le 8 sept. 2017

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Ze Bix

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