Ça
6.3
Ça

Film de Andy Muschietti (2017)

En 2009, la Warner Bros annonce le retour du clown le plus célèbre de la culture populaire. Mais après plusieurs années, le projet peine à se concrétiser jusqu'à maintenant et c'est donc 8 ans après cette annonce que ce reboot sort enfin sur grand écran.


"Ça" c'est tout d'abord une oeuvre très riche et complexe écrit par Stephen KING mais également une mini-série des années 90 avec, dans le rôle titre, un Tim CURRY qui a réussi à traumatiser toute une génération d'enfants. L'enjeu était donc énorme pour cette réadaptation car il y a ce coté "inadaptable" du roman à l'instar de la saga du même auteur "La Tour Sombre" et celui de surpasser l'adaptation culte de 1990, qui est pour bon nombre de spectateurs, une oeuvre nostalgique et donc irremplaçable. Andres MUSCHIETTI avait donc une très grande charge sur ses épaules mais le pari est plutôt bien relevé.


Tout d'abord, la narration. Que ce soit dans le livre ou la mini-série, l'histoire alterne deux époques: le passé (années 1957/1958) et le présent (années 1984/1985). On pouvait donc suivre l'évolution des personnages avec plus de profondeurs, grâce à l'alternance des deux époques. Ici, MUSCHIETTI garde le principe du dyptique avec en première partie: l'époque des enfants et en seconde celle des adultes. Un choix qui reste judicieux d'un point de vue budgétaire et de sécurité mais qui m'a tout de même dérangé. En effet, ce qui faisait la force du roman et des téléfilms c'était cette narration alternée qui donnait un suspens particulier à l'histoire et une force beaucoup plus grande aux personnages au niveau de leur évolution. Le changement d'époque (années 80 plutôt que la fin des années 50) ne m'a pas vraiment dérangé: pour moi, tant que l'histoire suit celle de base avec les cycles de 27 ans, cela me convient, même si j'aurai voulu retrouver l'univers particulier des années 50 qu'on ne voit plus trop dans les films/séries de nos jours. Cette différence reste toute même plaisante et nostalgique pour les spectateurs car on retrouve des éléments de notre enfance:


la présence de walkman, les jeux d'arcades, où encore les films projetés à Derry comme "Freddy: Les Griffes de la Nuit" et j'en passe


Ce premier chapitre reste tout de même très fluide, on ne s'ennuie pas pour un film de 2h15 (alors que les films de ce genre durent en général 1h30) et il est construit de manière assez intelligente. Un petit changement qui fait tout de même la différence, à mon sens, dans l'histoire est lié à la scène d'ouverture. Dans les anciennes versions, la mort de Georgie pousse Bill et sa bande à stopper les meurtres de Ça mais surtout de se venger de celui-ci. Or, dans cette nouvelle adaptation, c'est un peu différent


Georgie est porté disparu comme plusieurs enfants de Derry et Bill tente donc le retrouver et de découvrir avec sa bande qui est derrière tout ça.


La quête de vérité et d'identité est plus approfondie dans cette nouvelle version. Le film est un hommage à l'époque des années 80 comme "Stranger Things" avec un aspect des "Goonies" mais qui reste justement encore assez gentillet pour une oeuvre qui ne l'est pas, mais c'est un point auquel je vais revenir plus tard. J'étais extrêmement content de voir certains éléments aussi simples qu'ils soient:


la bicyclette de Bill avec l'inscription Silver, les cigarettes de Beverly, le plâtre d'Eddie, la statue du bûcheron Paul BUNYAN, la Tortue sous forme de LEGO, l'ancien costume de CURRY, ou encore les Lueurs Mortes (qui auront un rôle important dans la seconde partie), etc.


Côté acteurs et personnages, il y a du (très) bon et du moins bon. Tout d'abord, la bande de Losers est juste géniale, le réalisateur a su montrer cette forte amitié qui lie les personnages mais justement il y a de nombreuses faiblesse dans le groupe. Jaeden LIEBERHER endosse très bien le rôle du leader bégayant du groupe, même si ce n'est pas un des personnages auquel j'ai le plus accroché dans toutes les versions. Finn WOLFHARD, connu dans "Stranger Things", m'a un peu déçu même s'il reste très bon. En effet, Richie, le petit rigolo de la bande est un personnage que j'ai adoré dans les romans étant donné qu'il mettait une touche d'humour dans cet univers effrayant et oppressant au bon moment. Certes, ces répliques sont drôles mais parfois lourdes à long terme. Il n'y a pas cette aspect de détendre l'atmosphère, je l'ai trouvé drôle cependant trop vulgaire à certains moments. Je voulais justement retrouver ce pour quoi je l'ai apprécié: le fait qu'il utilise l'humour pour dissimuler ses craintes. Jack Dylan GRAZER qui interprète Eddie, l'hypocondriaque asthmatique, est un des personnages que j'ai adoré dans cette adaptation: il est à la fois fragile, drôle et touchant. Mon personnage coup de cœur reste Beverly, jouée par Sophia LILLIS. Son côté garçon manqué soit disant sans crainte, la relation avec son père et son évolution tout au long du film sont des points qui m'ont touché. Les points faibles pour ma part sont justement les 3 personnages restants. Ben, porté par Jeremy Ray TAYLOR, est au début du film très similaire aux romans: nouvel élève sans amis qui se refuge à la bibliothèque de Derry. Cependant au fil du film son personnage s'efface des autres ce qui est fort dommage car l'acteur est bien choisi. Le personnage de Mike, joué par Chosen JACOBS est un peu dans le même cas: il est présent beaucoup trop tard et est trop en retrait du groupe malgré son histoire légèrement différente du roman mais tout de même intéressante. Celui qui m'a le plus déçu c'est Stan, endossé par Wyatt OLEFF. En effet, je n'ai pas trop retrouvé ce côté extrêmement craintif et j'ai trouvé sa foi envers la religion juive trop à l'écart malgré de nombreuses scènes relatant sa religion notamment dans la synagogue. Au niveau des personnages secondaires, bon nombres sont très intéressants notamment l'acteur interprétant Georgie ou encore le personnage d'Henry BOWERS qui est bien exploité mais trop rapidement, sa bande est également sur le banc de touche, ce qui est dommage. Les figures parentales, malgré leurs courtes présences sont bien à l'image des personnages imaginés par KING. Reste alors un dernier personnage et sans doute le plus important: Pennywise. Bill SKARSGÅRD avait également un lourd poids à porter pour interpréter le rôle du clown dansant. Tim CURRY avait déjà fait un excellent travail dans les téléfilms et est devenu une figure de l'horreur très importante alors être à la hauteur de celui-ci n'était pas un pari facile. Mais justement SKARSGÅRD crève l'écran lors de ses appartions en Pennywise. J'étais content qu'il soit différent de l'ancien, j'avais justement cette crainte qu'il nous fasse une interprétation similaire à CURRY mais non. En effet, l'acteur nous livre sa propre interprétation et je ne suis pas déçu. Ses mimiques, ses expressions, sa démarche et même sa voix (surtout son rire), tous ces éléments sont très bien travaillés et il a réussi à me faire peur tout au long du film. On retrouve dans ce monstre, une similarité avec l'ancien film horrifique du réalisateur, "Mama"


Dans les deux cas, il y a un aspect de "voile qui flotte" dans le traitement des entités comme si les monstres étaient dans l'eau avec leurs particules qui s'envolent, ce qui fonctionne très bien dans "Ça" lors du combat entre Pennywise et les Losers. Mais le point commun le plus important, c'est l’empathie que l'on éprouve pour ses créatures.


Il réussit à changer d'état très rapidement, notamment dans la scène d'ouverture, à être très dérangeant et effrayant,


notamment lorsqu'il salue Mike avec le bras sectionné d'un enfant avec son sourire et son costume ensanglanté.


mais parfois ces apparitions sont moins impressionnantes avec les effets spéciaux.


Justement, au niveau des effets spéciaux et de l'horreur il y a des points qui fonctionnent et d'autres pas. En effet, le film reste trop "gentil"


Au niveau des dialogues comme pour le Lépreux ou la mort de Patrick qui est moins impressionnante que les sangsues du livre


et parfois trop "propre". Premièrement la scène d'ouverture: ceux qui ont lu le roman étaient sans doute content de voir que cela se passe comme dans le roman que ce soit dans les dialogues ou la scène en elle-même, cependant, je suis un peu déçu.


Certes, j'étais content de voir le bras de Georgie arraché, mais, la manière dont la scène est traitée rend celle-ci peu crédible. Les dents de Pennywise sont très mal faites lorsqu'elles se plantent dans le bras de Georgie et la façon dont celui-ci bouge lorsqu'il lui manque ce bras est très étrange, on sent la CGI à plein nez. J'imaginais une scène moins rapide dans le montage et plus violente, plus choquante.


Mais dans d'autres scènes, les effets sont mieux travaillés.


La scène de la maison de Neibolt Street, l'apparition de Ça lors des diapositives ou encore le final lorsque Pennywise attrape Beverly et lui montre les Lueurs Mortes


L'horreur est bien traité avec l'introduction des personnages et de leurs peurs mais s'emballe par la suite avec de simples jumpscares ce qui est dommage. Il y a également le choix de couper le film de cette manière qui rend l'atmosphère moins pesante et certains points modifiés sont trop faciles.


La photographie du film est extrêmement bien travaillé, ce qui nous offre de très bons plans que ce soit des plans simples comme la ville de Derry ou dans des scènes d'horreur


Le bain de sang dans la salle de bain de Bev ou encore les corps des enfants flottant en suspension dans l'antre de Ça.


La bande-son de Benjamin WALLFISCH colle bien au le film avec les chants d'enfants mais reste assez basique et se fait vite oublier et l'utilisation de musiques des 80's fonctionnent bien mais parfois non.


La bataille de cailloux avec en fond "Antisocial" d'Anthrax n'est pas aussi intense et violente que je l'avais imaginé. Pour moi, le choix de la chanson ne collait pas à la scène.


Même si j'ai encore énormément de choses à dire, je vais m'arrêter là. En conclusion, ce reboot de "Ça" respecte assez bien le roman et nous offre une nouvelle vision de ce classique horrifique avec de très bons acteurs, une histoire qui nous transporte du début à la fin et qui présage une très bonne suite avec tous les clins d’œil annoncés dans cet opus.

DavidHuot
7
Écrit par

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le 17 sept. 2017

Critique lue 441 fois

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David Huot

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