En France, dans les années 70, c'est le retour de la comédie un peu plus potache et populaire, légèrement refoulée dans les tiroirs lors du passage de la Nouvelle Vague la décennie précédente.
Le concept du film est assez simple. Deux hommes n'en peuvent plus de leur vie monotone, et principalement de leurs femmes (ou même des femmes en général) et décident de prendre le vert quelques temps, à la bonne franquette.
Comme toujours avec Blier, on est dans un univers parallèle. La première scène, mythique selon moi, nous présente un Jean-Pierre Marielle en gynécologue détaché et indifférent, préférant se tartiner son foie gras arrosé d'un petit pinard plutôt que de d'aller ausculter une jeune bourgeoise qui nous gratifie d'un striptease intégral. Le champ-contre champ de cette scène, est à lui seul le résumé parfait du film, à prendre, bien évidemment, au second degré : « Laissez-nous tranquille 5 minutes avec notre bouffe et nos pantoufles ». Viennent s'ajouter à ce discours un florilège d'expressions et bons mots misogynes à faire bouillonner n'importe quel féministe. Je ne suis pas étonné que ce film ai d'ailleurs été traité de misogyne à sa sortie. Le film ferait scandale probablement aujourd'hui.
Mais honnêtement qui peut se laisser prendre à ce discours ? Je le vois au contraire comme un film entièrement féministe, il suffit juste de renverser les rôles pour que le tout prenne un tout autre sens. Les femmes qui ont envie d'être tranquilles pendant que les hommes ne cherchent qu'à tirer leur cartouche, ça ne vous parle pas mieux ? La diabolisation de la femme et du sexe est tellement poussée à l'extrême qu'il en devient risible, comme dans cette scène avec l'aide du curé qui se fait attraper en train d'emballer la jolie fille du village. S'en suis le réquisitoire le moins convainquant au monde sur les rapports sexuelles.
Après une première partie qui pose les bases du concept, la seconde moitié part dans un délire extrême, une sorte de montée en puissance de folie et de l'absurde. Blier pousse son idée juste qu'au bout et si personnellement je n'ai pas beaucoup aimé cette seconde partie, très ancrée dans l'humour des années 70, elle garde quelques idées amusantes, comme l'homme, objet sexuel malgré lui, ou encore cette dernière séquence qui m'a fait penser à cette magnifique nouvelle de Charles Bukowski « Le petit ramoneur ».
Enfin, je pense que le film n'aura pas eu peut-être cette ambiance sarcastique si les deux têtes d'affiche n'étaient pas Marielle et Rochefort, les deux plus grands acteurs français pince-sans-rire.
Si les trois premiers quarts d'heure sont d'anthologie, je regrette un tout petit peu le petit coup de vieux que le film prend sur la fin, car il aurait pu devenir un des icônes de la comédie de mœurs au cinéma.

Rumol
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le 25 mars 2015

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