Surfant naturellement sur la nouvelle vague de la Blaxploitation horrifique instaurée par Jordan Peele il y a peu, ce faux-remake de Candyman confirme sa teneur mercantile et reste bien en deçà des espérances. Car ne vous méprenez pas, il y a autant de bonnes choses à conserver qu'un ensemble relativement raté qui suinte la modernité fragile dans cette deuxième suite qui oublie les films de Bill Condon et Turi Meyer (une autre nouvelle mode hollywoodienne).


Produit et co-écrit par Peele himself, cette séquelle a le mérite de ne pas être un vulgaire remake ou reboot du film de Bernard Rose, exploitant le mythe du tueur au crochet pour en concevoir une nouvelle trame inédite où un jeune peintre obnubilé par la légende urbaine va s'immiscer un peu trop dans le passé, quitte à rouvrir une boîte de Pandore qu'il fallait oublier. L'idée, sans être stricto sensu originale, tient la route et offre une perspective différente à la franchise tout en souffrant également d'un sérieux manque d'imagination quant au reste de sa conception.


Car, confié à l'auteure de Little Woods, le produit final rate son parcours, son atmosphère hésitant entre la timide paranoïa, le body horror aussi discret que bienvenu et le bref slasher tout en loupant clairement son côté pamphlétaire. Jouant aussi bien avec brio qu'avec outrance sur les jeux de miroirs et les arrière-plans, ne délivrant jamais la tension nécessaire à chacune des quelques scènes de meurtres et n'allant clairement pas au bout de ses idées visuelles, Nia DaCosta ne délivre pas une œuvre marquante, au mieux un film bancal toutefois très bien interprété par l'intégralité de son casting.


Certes bien plus maîtrisé que les bouses à CGI que l'on nous sert depuis des lustres, encore une fois plus esthétiquement travaillé et plus soutenu mais néanmoins inconsistant dans son ensemble, Candyman ne nous fera pas oublier la terreur du film de 1992, ni ses thématiques puissantes et ironiquement bien plus d'actualité que sa suite tardive.

Créée

le 30 août 2021

Critique lue 1.4K fois

13 j'aime

6 commentaires

Critique lue 1.4K fois

13
6

D'autres avis sur Candyman

Candyman
dagrey
4

Candyman, la légende urbaine selon Jordan Peele...

Les habitants de Cabrini Green, une des cités les plus insalubres en plein cœur de Chicago, ont toujours fait circuler une effroyable légende. Un croquemitaine armé d'un crochet apparaitrait pour...

le 18 sept. 2021

39 j'aime

19

Candyman
Arnaud-Fioutieur
4

L'abeille et la bête

La pauvre Nia DaCosta a encore et toujours les abeilles... Que sa colère soit sincère ou pas, elle en oublie (presque) le cinéma, ici, à force de chevaucher la Propagande, de faire de la retape pour...

le 18 sept. 2021

28 j'aime

28

Candyman
Fêtons_le_cinéma
7

« Une douleur pareille dure éternellement »

S’il est réalisé par Nia DaCosta, Candyman version 2021 n’en demeure pas moins une œuvre qui s’insère dans la démarche esthétique et politique de Jordan Peele, cinéaste et producteur. La thèse...

le 16 sept. 2021

19 j'aime

Du même critique

Wonder Woman 1984
MalevolentReviews
3

Tant qu'il y aura des hommes

Toujours perdu dans une tourmente de décisions visuelles et scénaristiques, de décalages et de tonalités adéquates, DC Comics se fourvoie une nouvelle fois dans un total manque de cohésion et par...

le 26 déc. 2020

67 j'aime

6

Dune
MalevolentReviews
5

L'Épice aux étoiles

Attendu comme le Messie, le Dune nouveau aura été languissant avec son public. Les détracteurs de Denis Villeneuve s'en donne à cœur joie pour défoncer le produit à la seule vue de sa bande-annonce,...

le 18 sept. 2021

43 j'aime

5

Kaamelott - Premier Volet
MalevolentReviews
5

Les prolongations

Il l'a dit, il l'a fait. Plus de dix ans d'absence, dix ans d'attente, dix ans de doute, une année de retard à cause de la pandémie. Kaamelott a marqué la télévision, de par son ampleur, son aura...

le 20 juil. 2021

39 j'aime

10