"Holding out for a hero"

Dernier film avant la réunion des fameux Avengers, Captain America : First Avenger est une surprise de taille. Je dis surprise, car depuis l'annonce du projet, la plupart des fans du comics ont fait des yeux ronds comme des billes : Le yes-man Joe Johnston à la réalisation ? Le pitre Chris Evans dans le rôle-titre ? Captain America ? Ce personnage kitch à souhait prônant une fois de plus la supériorité américaine...

Que l'on se rassure, le long-métrage est une pleine réussite qui fermera le clapet à pas mal de ronchons... En premier lieu, l'univers visuel. On avait peur que le look du super-héros soit ringard, avec son accoutrement ridicule et son bouclier U.S.

N'ayez pas peur : le costume de notre intrépide héros va évoluer progressivement d'un simple déguisement de propagande en tissu pour finir par un bel uniforme concocté avec soin et réalisme. Car c'est quasiment le mot d'ordre ici : le réalisme. Bien que plusieurs points soient kitch et obligatoirement fantasques (nous sommes dans une adaptation de comics), Captain America apporte un vent de fraicheur aux précédentes adaptations souffrant pour la plupart d'un manque de sérieux évident.

L'intrigue est ici parfaitement calquée sur un véritable film de guerre, avec ses infiltrations périlleuses, ses plans minutieux, les pertes qu'elle encourt et les doutes des soldats. Le film bénéficie surtout d'une histoire complète, qui prend son temps et acquiert un rythme plus posé qu'à l'ordinaire, Johnston ne bâclant en aucun cas son adaptation, en témoigne ce long prélude où notre héros, alors frêle mais téméraire, va réussir à convaincre l'armée de devenir leur fameux Super-Soldat, avec un travail de génie sur la métamorphose du pourtant balèze Chris Evans en un petit homme tout maigrelet.

Chris Evans nous fait oublier ses précédentes frasques des 4 Fantastiques et campe un Captain America des plus réalistes. À ses côtés, la belle Hayley Atwell, parfaite en femme forte au rôle finalement important, le génial Tommy Lee Jones, excellent en colonel bougon, le rookie Sebastian Stan en acolyte moins inutile que dans le comics sans oublier le caméléon Stanley Tucci, ici méconnaissable en scientifique aimant. Hugo Weaving campe quant à lui un terrifiant Crâne Rouge, Némésis nazi mégalomane dont le look cartoonesque contraste quelque peu avec le sérieux du film...

De l'action explosive, une histoire passionnante, expliquant peu à peu les origines d'un héros pas commun, de l'humour savamment dosé et un travail titanesque sur la psychologie des personnages font donc de Captain America l'une des meilleures adaptations Marvel. Certes, on pourra regretter que, à l'instar de Thor, le but du film n'est que de nous amener à la rencontre des super-héros dans le film suivant, mais il conserve néanmoins son identité. En somme, un excellent divertissement et l'un des meilleurs blockbusters de l'été, apportant quelque chose de plus comparé à ses prédécesseurs : de l'émotion.