Carnage
6.8
Carnage

Film de Michael Ritchie (1972)

Un petit polar d'encaissement comme les 70's savaient si bien le faire, avec la cambrousse en prime, petite originalité bienvenue qui donne tout de suite un petit côté crade et Aldrichien à l'ensemble, sans le savoir-faire du petit-maître, hélas...

Lee est un vieux gangster Irlandais de Chicago, on l'envoie encaisser une dette au fin fond du Kansas auprès d'une ancien comparse, Gene Hackman, tenancier d'abattoir, proxénète et trafiquant de drogue à ses heures, porcin jusqu'au mimétisme... Lee est supposé être la classe incarnée, enfin, pour un gangster, ça veut dire qu’il porte des guêtres blanches et un costume trop large, comme si on ne savait pas que c’est hirsute et clochardisant que ce bon Lee révèle toute l’étendue de son aura charismatique…

A ce détail près, Lee est aussi à l’aise que d’habitude, entre A bout portant et Point Blank, il connait la musique… Il arrive avec quelques jeunots rouquins fin de race, ça tombe bien, le porcin a ses sbires bouseux et même un frère dégénéré et viandard qui vous apprendra les différentes significations du mot abattage…

C’est dommage, ça commençait très bien, très joli générique industriel et puis la métaphore filée tourne de plus en plus à vide, jusqu’à l’indigestion… On va dire que l’arrivée des poules marque le début d’un sordide un peu pénible et surtout mal maîtrisé, avec Sissi Spacek en tête de gondole, c’est vous dire… Heureusement que Lee fait très bien le coq, c’est tout ce qu’on lui demande d’ailleurs… Il y a toute une histoire de vieilles rancoeurs un peu survolée aussi, ce qui est probablement pour le mieux, le film n'aurait pas survécu au-delà de l'heure vingt-cinq consacrée...

Le final manque un peu de nerf mais ce n’est pas très grave on a déjà eu la foire aux bestiaux, la moissonneuse-batteuse et le champ de blé, le reste n’est que du remplissage…

On notera aussi que, sans faire montre de beaucoup de personnalité, Michael Ritchie possède tout de même un brin salutaire d’ambition, ce qu’il confirmera avec Votez McKay la même année, quand on sait que c’est le type qui finira par faire les Fletch et Golden child dans la décennie qui suivra, ça laisse rêveur…
Torpenn

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