Critique brève: après avoir revu récemment les Chroma de la team Debbache, j'avais une petite envie de découvrir ce Carnosaur et sa fin qui semblait disproportionnée.
- Clairement, le film est techniquement un tout petit budget, exécuté en un temps ultra resserré, et avec un choix d'acteurs dont les prestations sont variables. Il n'y a pas vraiment d'audace de plans, quelques scènes sont des quasi-plagiats de Jurassic Park et d'Alien et d'Aliens, les moments dinosaures sont 90% du temps assez marrants, même si dans le dernier tiers du film, le T-Rex a meilleure allure (ça ne tape pas le plafond non plus hein...). Les raccords et transitions n'ont clairement pas été le souci des monteurs et il manque sans doute des scènes par-ci, par-là. D'où le fait que le film peut par moment tomber dans le nanar. Les lumières ont tendance à sauver quelques morceaux, voire à faire un assez bon boulot pour quelques secondes de temps à autres.
- Le scénario est apparemment inspiré d'un bouquin datant des années 1980, l'intérêt du film a été, me concernant, dans son discours anti-spéciste franchement assumé et plutôt pertinent avec de nombreuses scènes rapprochant le rapport des humains envers les animaux d'élevage, ici les poulets (ce qui n'est pas le choix le plus facile pour espèrer provoquer l'empathie), ou ceux de compagnie. Peut-être est-ce un genre d'accident, peut-être le scénariste a pensé que pour une production fauchée, il n'y avait rien à perdre à s'exprimer. Je ne le saurais sans doute jamais.
- Il y a aussi une évidente critique d'un gouvernement autoritaire et de son armée qui se retournent contre leur population: dans l'histoire, l'armée est déployée pour résoudre la situation de manière brutale et dans un traitement visuel étrangement réaliste (dénotant des films d'action typés années 80-90 qui glorifient l'image du soldat). Face à une épidémie et une invasion de monstres, l'option "recherche de sérum" est très vite mise de côté par les militaires et les membres du gouvernement (dont l'un, celui qui ressemble à Elie Kakou, semble varier entre le savant fou et un ministre de Trump) pour préférer mettre en quarentaine puis exécuter des civils malades, et même envisager de créer des uterus artificiels pour compenser la surmortalité féminine attendue à cause du virus (rappel historique: les Völkisch précurseurs des nazis espéraient à terme pouvoir se débarrasser des femmes comme étape ultime de consécration raciale...): cela donne lieu à une scène (volontaire?) ultra intéressante où une seule femme fait face à un groupe d'hommes au pouvoir qui annoncent cela sans pression aucune... La fameuse scène finale qui se termine sur Alfred E. Newmann incendié avec nos héros, et la destruction de la seule flasque de sérum, affirme cette gravité d'ensemble, d'un pouvoir militaire qui assassine inconséquemment, venant de condamner 50% de l'humanité au profit d'une hypothèse techno-solutionniste (Heureusement qu'ils n'avaient pas encore l'IA à cette époque...).
- Si les sons sont aux fraises, je note que la VF dessert très fortement l'aspect un peu sérieux du métrage, le doublage est assez douloureux. La VO rend le tout nettement moins stupide à mon avis.
Non, sincèrement, le film n'est pas bon à proprement parler, mais son propos mérite de s'y pencher dessus, il n'est pas très long qui plus est.