Après La Journée de la jupe (Jean-Paul Lilienfeld, 2008), Carole Matthieu décline l’engagement social d’une actrice également productrice soucieuse, dans le cas présent, de dénoncer l’inhumanité du monde de l’entreprise gouverné par des techniques de management humiliantes et compétitives (notamment la double écoute). La force acquise par les premières quarante-cinq minutes réside dans son aspect quasi documentaire, qui fait se succéder des personnages que l’on croirait personnes véritables en leur laissant la parole, en leur offrant une considération que leur refusent leurs supérieurs hiérarchiques. Pourtant, à vouloir bien faire le film se prend les biais dans ses bonnes intentions et cède aux facilités didactiques du genre : l’authenticité est perdue au profit d’une démonstration alourdie par ses partis pris esthétisants, à l’instar de la superposition des visages par vidéoprotection ou de la clausule que l’on croirait issue des superproductions américaines – avec sa piste musicale intense et envahissante lui donnant des allures de bande-annonce. Isabelle Adjani propose néanmoins une interprétation à son image, insaisissable et inquiétante, et justifie à elle seule le visionnage du long métrage.