Cars - Quatre Roues
6.1
Cars - Quatre Roues

Long-métrage d'animation de John Lasseter et Joe Ranft (2006)

Pixar est à l’animation ce que Ferrari fût autrefois aux 24h du Mans. L’objectif annuel de la firme étant de rafler le grand prix depuis que Toy Story avait décroché l’oscar « spécial » de 1996 avant que la démocratisation de la 3d n’ouvre une nouvelle catégorie. Cars est un projet mûri de longue date par son créateur John Lasseter ayant baigné dans l’industrie dès son plus jeune âge puisque son père travaillait dans une concession Chevrolet d’où ce soin maniaque et obsessionnel apporté aux détails de son nouveau bébé qui voudrait se positionner en pole position mais finira malheureusement par une sortie de route remarqué en France, déjà moins friand de courses automobiles. Pourtant le sujet a vocation à être assez universel, une sorte de parabole sur les dérives du star system ainsi qu’une ode aux valeurs familiales et traditionnels genre « n’oublie jamais d’où tu viens », « sache rester humble », « il faut savoir respecter son adversaire » et autres conneries rébarbatives des langues de bois que l’on supporte déjà trop souvent dans le milieu du sport. Pas étonnant donc à ce que Flash McQueen soit un gros connard prétentieux et arrogant comme la plupart des pilotes de NASCAR qui n’en ont qu’après les trophées et la gloire que cela peut leur engendrer. Il est donc question de succès, d’une sortie de route remarquée ainsi que d’une longue traversée du désert dans une ville paumée traversé par la mythique route 66 qui est ignoré depuis la construction des autoroutes. Comme dans tout road movie digne de se nom, le héros va profiter de ce voyage pour se recentrer sur ce qui importe réellement dans la vie : l’entourage, les amis, les bons moments, et finir 1er de la Piston Cup…


Cars baigne dans une nostalgie clinquante que n’aurai pas renié Johnny Halliday, le temps des virées entre copains dans les environnements naturels et sauvage, les arrêts bière jambon beurre dans des stations services pittoresque. Il est clair que les paysages rocailleux de Monument Valley participe grandement au dépaysement. Une fois encore, le studio Pixar prouve s’il en est sa capacité à faire jaillir l’émerveillement par un environnement digne d’une carte postale. Radiator Springs est un petit bout de paradis oublié, un oasis mécanique de bitume et d’enseignes publicitaire qui rompt avec la monotonie des aires autoroutières de chez Vinci. Le réservoir de Pixar déborde comme souvent de bonnes idées, alternant entre la frénésie du circuit et la légèreté de ces flâneries, gags et petits à côtés même si le scénario ne surprendra personne quant à son déroulement, en ne sortant jamais des sentiers balisés. La facture technique dépasse quant à elle de loin la concurrence et met à l’amande la plupart des films de courses automobiles par son découpage et son immersion exceptionnel dans l’action. Forcément, les CGI ne souffre pas des mêmes contraintes de mise en scène que les films en prises de vue réelles. Le film déploie également plusieurs outils technologiques très en avance sur leur temps comme le Ray Tracing qui envahi depuis peu nos consoles de jeux et permet aux voitures de refléter leur environnement sur les vitres, les jantes chromés et la carrosserie de manière authentique et crédible. Un détail parmi d’autres, comme les 43 000 croquis et dessins préparatoires nécessaire au bon déroulement de cette entreprise dont la productivité ferai pâlir une usine de chez Ford.


Car il s’agit comme d’habitude pour Pixar d’effectuer un véritable travail d’anthropomorphisme sur ses véhicules en leur attribuant des personnalités et une bonhomie en rapport à leur modèle d’origines, ainsi Luigi la Fiat est une groupie de Ferrari, Martin le dépanneur est un plouc simple d’esprit qui passe son temps à réveiller les tracteurs, Fillmore le combi Wolkswagen est un Hippie qui brasse sa propre essence biologique, côté circuit il y a Jackson Storm une Nissan dernier cri bardé de technologie destinée à en mettre plein la vue à ses concurrents et ce qui fait naturellement de lui l’outsider idéal à la succession du titre de champion, Chick Hicks la Buick Regal est un rustre comme le laisse deviner sa calandre et son chassis, quant à Flash Mc Queen il est rapide comme l’éclair mais également trop prétentieux et c’est au contact de Doc Hudson qu’il va redescendre sur terre, choix opportun puisque la fabuleuse Hudson fût autrefois la voiture reine du NASCAR en remportant 40 épreuves sur 48, pas si mal pour un vieux tacot. Dans sa quête d’expansion la firme aux grandes oreilles ne se contenta pas seulement de racheter le studio à la lampe magique dont elle distribuait jusqu’ici les produits, le but était également de redorer son blason pas mal écorcher depuis qu’elle se reposait sur ses lauriers et acquis de son deuxième âge d’or en pondant une multitude de DTV au rabais destiné au marché de la vidéo. Au contact des petits gens et de la basse populace oublié par la mondialisation, Disney se voudrait pourfendeur de l’Amérique d’antan tout en accomplissant une franche piqûre de rappel sur nos valeurs actuelles, rappelant l’importance de l’unité familial, de savoir prendre le temps de vivre, de garder l’esprit d’équipe sans brûler les étapes pour accomplir la renaissance d’une ville mais surtout d’une entreprise qui en a grand besoin. Encore une fois le capitalisme avale tout sur son passage excepté l’oscar qui devra attendre la prochaine fois.

Le-Roy-du-Bis
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le 27 sept. 2023

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