Attention, je vais vous raconter ma vie...

Hier en quittant la salle, j'ai immédiatement songé à ce que je pourrais dire de ce film.
Entre consternation et haine d'avoir paumé 3 heures de mon temps, j'ai oscillé entre vous dire "C'est nul à chier" (sans plus de précisions) et une critique plus constructive.


Le sens du devoir, un professionnalisme assidu et sans doute un brin de masochisme m'ont fait supporter un peu plus d'une heure de visionnage de ce monumental foutage de gueule lorsqu'enfin, je le confesse, je dus quitter la salle.
Alors voilà, je suis là, devant ma page de critique, à me demander si je peux légitimement vous donner un avis sur un film que je n'ai pas eu la force mentale de regarder jusqu'au bout.


J'ai décidé de vous retracer mon "bad trip" (l'appellation s'y prête à la perfection, parce que même ma dernière gueule de bois était moins sévère).
La toute première scène, outre son inutilité totale, vise à montrer l'attachement grandissant de "l'avocat" pour Penelope (il ne faudrait pas non plus exiger de moi que j'aie retenu le nom des personnages, faut pas abuser)... Aussi durant 5 minutes me sautent au visage plusieurs constats qui vont s'enraciner dans les scènes suivantes, à mon grand désarroi :
- d'abord, le script est minable, consternant, je ne parle même pas du doublage et vous me voyez désolée de ne pas trouver d'autres mots à associer à l'écriture des dialogues. C'est vraiment à crever, c'est insupportable, c'est même surréaliste de médiocrité. Je commence par-là parce que j'y tiens, j'en reste encore sur le cul (et pourtant j'ai dormi là-dessus).
- ensuite, conséquence directe du plus énorme problème du film, le jeu des acteurs s'effondre littéralement, sans qu'ils ne réussissent, à AUCUN moment, à installer la moindre crédibilité dans leur rôle. Aucun des personnages n'a de charisme car, en plus de souffrir terriblement du néant infini que constitue l'écriture du script, tous les rôles sont dotés d'une profondeur digne d'une flaque d'eau en pleine canicule.
Les archétypes les plus gerbants sont revisités, c'est le musée des horreurs. Penelope Cruz se voit attribuer le rôle d'une grosse niaise catholico-sceptique, Brad Pitt (dont je n'ai pas bien compris ce qu'il foutait là) celui d'un intermédiaire douteux dont l'utilité ne m'a pas été prouvée en une heure (j'ose imaginer qu'elle a pu l'être au cours de la deuxième), Fassbender celui d'un riche avocat dont on se demande comment il a pu le devenir tellement il est con (cela dit, on peut être particulièrement doué de son métier mais socialement très con) et la palme que j'accorde à Cameron Diaz que l'on a mué en salope infernale et complètement déjantée (de loin, et ça m'écorche douloureusement les neurones d'avoir à le dire, le rôle le plus intéressant, ou disons le moins inintéressant).
- ni chaud ni froid sur la mise en scène et le déroulement de l'intrigue est d'une platitude à toute épreuve. Des gens parlent ou font des trucs, la plupart sans intérêt, le tout dans un découpage sans transition de scènes très différentes ayant approximativement la même durée (un choix de montage assez frappant au visionnage). J'espère pour ceux qui ont tenus jusqu'à la fin que la deuxième heure apporte plus de choses à ce niveau. Une voix off narrative n'eut pas été de trop...
- je suis infoutue de donner un avis sur la bande originale qui m'est totalement passée à côté, n'étant capable d'apprécier ce que j'écoute que quand j'apprécie ce que je regarde.


Cette première scène dure 5 minutes, donc, et je me dis naïvement que c'est pas grave, Scott a juste voulu (essayé. Pensé?) être original en commençant par... là. Mais non. Non. Il s'avère qu'il a essayé (semble-t-il?) pendant tout le film, il a même essayé très fort.
Des scènes courtes et en trop grande partie sans intérêt se succèdent, les unes après les autres, sans que l'on comprenne 1) pourquoi on nous raconte tout ça, et d'ailleurs 2) ce qu'on nous raconte, en fait. Parce que le tiret suivant devrait concerner le scénario désastreusement raconté du film, un déroulement de scènes que je peine terriblement à nommer "scénario" à tel point lui aussi s'effondre derrière une réalisation consternante.


Note subsidiaire : parce que oui, j'ai cru comprendre qu'il s'agit de l'adaptation d'un livre. Je présente donc mes condoléances à l'écrivain ainsi que toutes mes sincères désolitudes.
ÉDIT : en réalité, c'est un écrivain qui a voulu écrire pour le cinéma. J'en reste profondément désolée.


C'est précisément là que je dois vous expliquer pourquoi, au bout d'une heure, je me décide à quitter la salle, sans encore connaitre la durée du film. Une heure sans qu'il ne se passe RIEN. On voit des gens se parler, se raconter des conneries, bref, le seul fil rouge de ce film semble être l'inutilité et l'absurdité de la réalisation qui seules survivent au passage de longues minutes d'incompréhension face à ce qu'on me montre.
J'essaie de comprendre, je serre très fort mes petits poings, je plisse les yeux et je mobilise tous mes neurones, sans succès, pour parvenir à trouver l'oasis dans le désert, un point positif qui peut-être pourrait me faire comprendre ce que je n'ai pas compris, me faire voir à côté de quoi je suis passée... Je me remets en question, je me demande si c'est la fatigue, si le (prétendu) talent du réalisateur passe au-dessus de mes capacités intellectuelles, dont je commence à douter sérieusement dès le premier quart d'heure (soit deux scènes plus tard).
Mais passé une heure, c'en est trop. Le problème ne saurait venir de moi lorsqu'en une heure un film n'a toujours pas installé les éléments majeurs de son intrigue, ou du moins n'est pas parvenu à le faire clairement puisqu'il l'a littéralement noyé dans un indescriptible merdier.


J'en arrive donc à la scène dans laquelle Cameron Diaz "fait l'amour à une voiture".
Là encore, j'ai du mal. Je ne sais pas bien par où commencer... Commençons par mon état mental : ça fait une heure que je suis les scènes, les unes après les autres, dans la consternation la plus totale et ça doit faire une petite demi-heure que j'envisage sérieusement de quitter la salle avant 1) de m'endormir, 2) de hurler ou 3) de foutre le feu.
J'ai même pensé à aller me chercher à bouffer pour que ça passe mieux, mais j'ai vite compris que si je quittais cette salle ne serait-ce que pour aller pisser mon cerveau m'intimerait l'ordre de ne pas y retourner (l'instinct de survie).
Le but de cette scène est de faire comprendre au spectateur que Cameron Diaz a un rôle plus important qu'il n'y parait, que c'est probablement d'elle qu'il faudrait se méfier. Soit.
Mais... Pourquoi? Juste... Pourquoi.
J'estime être bon public, je suis capable de trouver un sens dans les scènes les plus vaseuses, les plus trash, les plus violentes, les plus absurdes. Mais là, y a pas moyen. Surtout au bout d'une heure de branlette mentale absolue à essayer de comprendre le sens de ce navet, je ne sais pas, je ne peux pas, ma constitution physique d'être humain à peu près normal m'empêche de trouver l'intérêt de cette scène.
Au-delà du fait qu'il s'agit d'une énième scène inutile et que les dialogues sont toujours d'une médiocrité aliénante, l'absurdité de cette scène et son mauvais goût (qui, je tiens à le paraphraser, ne m'eurent posé aucun problème si j'avais visionné une production de qualité) sont très mal venus au bout d'une heure de pure souffrance cinématographique.
En d'autres termes, j'ai atteint les limites du supportable en la matière avec cette scène qui est venue couronner une cheminement intérieur chaotique entre désir de trouver une sens à ce que je regarde et désir de me barrer en courant.


L'instinct de survie a choisi pour moi. Mon cerveau s'éteint et, dans un dernier effort, demande à mon corps de se lever et de partir.


L'expérience s'est donc arrêtée quelque part après la décapitation d'un malheureux motard (dont OUI J'AI COMPRIS QUE C'ÉTAIT LE FILS DE LA MEUF QUI ÉTAIT EN TAULE POUR QUE LA BLONDASSE PUISSE RÉCUPÉRER CE QU'IL AVAIT MIS DANS SON CASQUE, CELUI-LÀ MÊME QUI AVAIT DONNÉ À BOUFFER AU CHIEN PLUS TÔT, donc vous voyez, j'ai VRAIMENT essayé).


Dans le couloir vide du cinéma, je m'interroge. Je me repasse, non pas le film de ma vie, mais celui des derniers jours depuis le moment où on s'est dit qu'on irait à cette avant-première. Le regret, puis bientôt la haine m'envahissent d'avoir honteusement sacrifié une soirée devant cette daube infâme.


Dubitatif, mon conjoint sort de la salle à son tour. C'est quand je lui ai demandé combien de temps durait le film que j'ai compris que j'en avais subi plus de la moitié.
Nous avons donc quitté le complexe sans nous retourner, moi trouvant Scott impardonnable de n'avoir pas su faire autre chose qu'un boulot dégueulasse sur PLUS DE LA MOITIÉ de son film, ce qui est absolument énorme.
ÉDIT : ceci étant je conçois que face au scénario d'un pareil scénariste, on ne peut pas grand chose.


Je suis véritablement navrée non seulement d'avoir subi cette soirée mais de n'avoir rien à vous dire de plus sur le film, bien que je sois intimement persuadée que la dernière heure ne m'aurait rien apporté de plus qu'un cran supplémentaire dans mon échelle de frustration.


En résumé, la bande-annonce tient de la publicité mensongère, le casting d'un odieux argument de vente et le film d'une des plus grandes arnaques cinématographiques de l'année.

Créée

le 13 nov. 2013

Modifiée

le 13 nov. 2013

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Camiille

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