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Je me souviens encore de ce sentiment grisant de modernité quand Casino Royale est sorti en salle et revitalisait James Bond avec un nouvel acteur, une relecture de son personnage et une déconstruction du Bond froid et impassible qu'on avait toujours considéré comme une évidence. 20 ans plus tard, le film est toujours aussi dynamique et divertissant, mais loin de sembler aussi moderne.


Du haut de ses 60 ans et 25 films, la licence James Bond est l'une des plus codifiées, et certains de ses clichés ne sont plus tout à fait dans l'ère du temps : son héros stoïque à l'inébranlable poker face, ses méchants très méchants, et ses Bond-girls à moitié à poil, totalement soumises à la masculinité turgescente de l'agent le moins secret du milieu.


Casino Royale s'approprie brillamment tous ces codes et, pour la première fois, explore des facettes plus humaines du personnage. On pourrait même aller jusqu'à dire que son antagoniste, Le Chiffre, n'est pas une coquille aussi vide que ses prédécesseurs, mais il aurait fallu lui donner un peu plus de temps à l'écran pour m'en convaincre.


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En restant fidèle à la formule et en cochant presque toutes les cases (sauf les gadgets), c'est un très bon James Bond, mais un film qui parait daté et gênant pour quiconque ne connait pas la franchise. Je pense notamment aux personnages féminins dont la plupart sont purement décoratifs et ne vivent que pour lancer des œillades langoureuses à Bond qui a manifestement le double de leur âge.


Eva Green est magnifique, ce qui n'étonnera personne, Mads Mikkelsen éclabousse l'écran de son charisme, et le reste du cast est trop effacé pour avoir réellement de l'importance, mais c'est toujours un plaisir de voir Jeffrey Wright.


La mise en scène est solide, les scènes d'actions trépidantes, mais le premier tiers du film est tellement bruyant et explosif qu'il en devient fatigant, enchaînant trois scènes d'action d'affilée, presque sans transition. Le reste est bien mieux rythmé, et profite de ses 2h20 pour s'offrir quelques jolis rebondissements.

Malgré tout, la romance parait totalement précipitée et sortie de nulle part, avec d'un coup une avalanche de mièvrerie sucrée qui contraste méchamment avec la dynamique de leurs derniers échanges.


Casino Royale était un très bon reboot en 2006 que j'ai pris plaisir à revoir, mais que je ne recommanderais qu'à condition de savoir quoi on met les pieds, en gardant à l'esprit l'héritage cinématographique dont il est issu. C'est un bon film d'action, rempli de scènes mémorables, mais surtout un épisode majeur à l'échelle de la franchise.

Ezhaac
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le 1 mai 2023

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