Klapisk’s Cube

Comme pour « Le cœur des hommes », « Spiderman » et toutes les séries télé, c’est l’envie de retrouver des personnages auxquels je me suis attaché qui m’a poussé à aller voir « Casse-tête chinois ». Et puis, qu’y a-t-il de plus fascinant que le temps qui passe et son effet sur les corps et les esprits ? J’ai effectivement eu du plaisir à retrouver Xavier (Romain Duris), Isabelle (Cécile de France) et Martine (Audrey Tautou), qui ont (bien) vieilli et (peut-être) muri. Les facéties de la mise en scène de Cédric Klapisch sont agréables et il sait insérer dans son film de nombreux sujets de société très actuels : les familles recomposées, le désir de paternité des homosexuels, l’abolition des distances par Skype, etc.

Est-ce tout ce qui fait l’intérêt du film ? Non. Il existe une grille de lecture, certes toute simple mais qui fait la richesse du film et qui explique que l’on y repense longtemps après. Ce fil conducteur est d’autant plus accessible qu’il est dans le titre et dans le générique : la vie actuelle, et particulièrement celle de Xavier, est un puzzle. Il aimerait vivre une vie plus simple, plus « normale », et cela le culpabilise. Contrairement à ce qu’il espérait, les années qui passent ne lui apportent pas la stabilité dont il rêve : le bazar, l’entropie l’emportent sur l’ordre et le calme. Il ne faut donc pas s'étonner que le film soit un joyeux bric-à-brac !

La fin du film que Klapisch-Xavier nous propose ne plait pas à son éditeur. N’est-elle pas assez crédible ? Elle est en tout cas assumée comme étant artificielle car, de toute façon, le puzzle-casse-tête n’a pas de solution. Mais qu’importe si nos vies sont de plus en plus morcelées à l’échelle individuelle car les familles, les tribus et les réseaux peuvent nous apporter la cohésion manquante.

Voir aussi mes critiques (rédigées en décembre 2009) de « L'Auberge espagnole » (2002) :
http://www.senscritique.com/film/L_Auberge_espagnole/critique/22391576
et de « Les Poupées russes » (2005) :
http://www.senscritique.com/film/Les_Poupees_russes/critique/22391323