Un comte russe déchu doit désormais gagner sa vie en étant serveur dans un restaurant de luxe parisien. Une série de quiproquo lui fait croiser à plusieurs reprises une aristocrate fraichement divorcée.


Ernst Lubitsch étant aux USA depuis quelques temps, la place était libre pour composer des comédies romantiques sophistiquées. Mais on se s'improvise pas Lubitsch si facilement et Robert Land vient en faire la démonstration. Sans être bien stimulant, le scénario offrait plusieurs pistes assez intéressantes pour dresser quelques séquences savoureuses mais la sauce ne prend que très rarement à cause d'un rythme bien trop plat et d'une réalisation qui peine à exploiter son matériel. Le rendez-vous manqué place Vendôme est loin d'être évident pour cause d'une gestion de l'espace maladroite. On pourrait en dire tout autant sur le second rôle corpulent qui grignote dans les plats de réception ou se voit contraint de promener un chien pendant que celle qu'il convoite fricote avec un conçurent. Ca manque vraiment de génie et d'une personnalité qui transcenderait le tout. En un mot, le timing et le tempo sont absents.


Résultat : malgré une introduction alléchante, le film ne décolle que rarement. Le film a beau bénéficié de jolis travellings, d'une production soignée et de comédiens talentueux, je baise votre main Madame provoque une passivité qui disparaitra seulement lors des 10-15 dernières minutes grâce à ses personnages plus complexes qu'à l'accoutumée. Il y a une très jolie séquence où Marlene Dietrich cherche à humilier son amant après avoir découvert son véritable emploi. Il y a là toute une belle palette d'émotions et de comportements à la fois complémentaires et contradictoire d'autant qu'un second rôle se révèle un caractère humaniste qu'on ne soupçonnait pas jusque là.
Et si l'ultime séquence dans les couloirs de l'hôtel accélère un peu le rythme et cherche quelques bonnes idées (via un ascenseur), on ne peur s'empêcher de se demander ce que ça aurait pu donner dans de meilleures mains.


Le film est sorti dans la période de transition fin muet - début parlant avec un titre faisant référence à une chanson populaire de l'époque. Il ne tarda donc pas à connaître une rapide seconde exploitation avec une séquence sonorisée comprenant le fameux succès.

anthonyplu
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le 21 oct. 2016

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