Sous ses dehors familiers, dans l'univers de Hong Sang-soo, Ce que cette nature te dit est l'un des films les plus cruels et les plus profonds du cinéaste sud-coréen. Oui, les agapes y sont plantureuses et l'alcool délie les langues, mais sous des dehors bienveillants, les longues conversations peuvent devenir cinglantes et cacher des conceptions divergentes de l'existence. La rencontre inopinée d'un poète et de sa fiancée, avec la belle-famille en devenir du premier, ne servirait-elle pas de crash-test pour le futur gendre ou, tout du moins, un moment d'évaluation, réalisé sans aménité ? Le cinéma de Hong s'interroge sur le sens de la vie, sans y trouver de réponse aucune, puisqu'il n'y en a guère, et se complaît dans la contemplation des belles choses, puisqu'elles sont le seul réconfort à attendre. La poésie, elle, est un outil, mais que peuvent les mots, si ce n'est effleurer ces splendeurs, et encore faut-il admettre une certaine humilité dans sa vision. Mis bout-à-bout, les différents chapitres du film composent une élégie modeste autour du monde qui nous entoure et une évocation à l'esprit presque sardonique sur la vérité des relations humaines, tapies sous le vernis du respect et de la tolérance, lequel peut vite se craqueler, sous l'effet de quelque nourriture trop abondante et d'excès de boissons enivrantes.