D'une beauté et d'une émotion sans faille, prégnante. Un très bon cru, adjectif accordé aux vins que l'on emploie souvent aussi pour les films. Cédric Klapisch a réussis un film mettant en valeur les métiers de vignerons, leurs domaines et cultures, tout en s'accordant une comédie dramatique propre à ses thématiques longuement développées auparavant, (dans Le Péril Jeune, Ni pour Ni contre..., La trilogie de Xavier: L'auberge espagnole, Les Poupées russes, Casse tête chinois).
C'est une réussite. Les thématiques personnelles s'accordent avec le sujet, le décor imprègne les émotions véhiculées. C'est une très belle tranche de vie que nous sert Klapisch comme à son habitude. Une tranche de vie à l'émotion pure, sublimée par la mise en scène et le jeu de ses acteurs.
En soit l'histoire de Jean qui a quitté sa famille pour faire un tour du monde. Il revient apprenant que son père est malade et retrouve sa sœur Juliette et son frère Jeremy au cœur du vignoble familial.
Le film est d'une justesse de mise en scène, de jeu d'acteurs, de ton employé, de musique, de limpidité scénaristique, de caractérisation de personnages, de plans, de décors. Cette justesse sert un rythme au gré des saisons filmées épurés et magnifiques, (Klapisch a tourné pendant un an, "la nature décidant du tournage" selon ces propres termes) .
Klapisch ne change pas de style. Il filme la campagne, les vignobles, comme il filme une ville et c'est tout à son honneur. C'est à dire qu'il se sert des décors, de plans d'ensemble à bon escient, parfois pour sublimer, mais tout en restant réaliste. Le décor sert les émotions véhiculées par les acteurs ou la vision mélancolique d'un jeune sur ce qu'il a vécu, (ce qui est le cas du personnage principal Jean joué par Pio Marmai). On va passer de petits effets de montages, entre les fenêtres découpés, les surplans, les petits accélérés utilisés à bon escient dans une mise en scène classique jouant sur les émotions, les instants planants, (ce plan d'ensemble magnifique de dos sur la tête d'Anna Girardot).
Le scénario regroupe plusieurs thématiques classiques cher au réal qui s'en sert d'une autre manière et traité avec finesse. A savoir, le deuil, le départ, les souvenirs, le temps, l'envie de voir plus grand par les voyages, de se comprendre... Ces thématiques sont servis à merveille par le trio de tête du film: Pio Marmai, Anna Girardot et François Civil, livrant des prestations émotionnels excellentes, juste tous les trois, n'allant pas dans la caricature. La musique de Loik Dury est comme sur tous les films de Klapisch mélancolique et belle à souhait. Elle fait rentrer dans le film, s'allie parfaitement aux plans du réal et aux émotions des acteurs.
Tout s'accorde au gré du temps, des saisons pour une tranche de vie en toute finesse et avec une émotion pure. Un des meilleurs films de l'année.

gc-thornhild-85
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le 18 juin 2017

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