Sur les a peu près trente courts métrages de Georges Méliès encore visibles aujourd'hui dans de bonnes conditions (pour une quarantaine en très mauvais et et près de 150 disparus), je vais retenir ce "Cendrillon ou la pantoufle merveilleuse" parce qu'il cristallise, à mes yeux, quelques jolies qualités, typiques du joyeux magicien, pionnier de notre art chéri.

Avec ses 27 minutes, ce court est un des plus longs du maître. Il a ainsi toute latitude pour prendre, quand il le faut ou quand il le souhaite, le temps nécessaire pour déployer les scènes.
Remake d'un premier essai sur ce même thème 13 ans plus tôt (1899), et à la suite d'une commande d'une série de films pour exportation pour les états-unis (où son frère s'occupe d'un studio), Georges Méliès se remet à l'ouvrage après une période d'inactivité et entend démontrer qu'il n'a rien perdu de son savoir-faire et de sa capacité à éblouir. A noter qu'il s'agit du premier remake du cinéma français.

Trois scènes, trois moments, illustrent à mon goût le génie de Méliès.
La "naissance" du carrosse à partir de citrouille est exemplaire: un mélange d'effets mécanique (le carrosse se déploie) et visuels stupéfiants. Si 100 après sa première représentation on comprend chaque mécanisme, le côté merveilleux, presque poétique, demeure.
L'apparition des hommes lézard est tout aussi surréalistes: on voit le décors, on discerne les costumes, cependant la magie opère: la scène reste un pur moment de sidération, comme si nous étions en face d'une tableau romantique (avec ces paysages profonds et sombres) en mouvement.
Un peu plus tard, une horloge constituée de bras et de têtes prolonge ce plaisir d'images non seulement étonnantes mais aussi jamais revue par ailleurs ou plus tard.

Une occasion de souligner d'ailleurs, toute l'importance que revêtent les costumes mais surtout les décors dans le cinéma de Méliès. A chaque fois, quelque soit la durée du métrage, une opportunité de s'émouvoir et jouir du spectacle de petits tableaux vivants.

Pour revenir sur ce film et la série qui l'a accompagné à cette époque, ce fut un terrible flop qui, s'il mit en lumière le fait que les goûts du public avaient changé en 10 ans, contribua à la fin de l'activité de Méliès.
Vu la maturité déployée ici, on ne peut que le regretter, malgré le siècle passé.
guyness
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le 23 nov. 2011

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