Je ne suis pas très familier du cinéma de Patrice Chéreau, mais celui-ci a une place à part dans ma cinéphilie, tout simplement parce que c'est le premier réalisateur que j'ai rencontré, à 13 ans, après une projection de La reine Margot, dans un lycée où je n'étais pas censé être ! Il m'avait d'ailleurs fait une dédicace, que je garde encore...


Parlons de ce film, inspiré d'une histoire similaire arrivée à la coscénariste Daniele Thompson, qui est un enterrement d'un peintre sur Limoge, demandant à ceux qui l'aimaient, ses proches de Paris essentiellement, de prendre le train pour lui rendre un dernier hommage.
De ce fait, ce groupe, aux personnalités fortes, va se retrouver dans cet espace confiné, puis à l'enterrement, et enfin, se retrouver dans la maison de son frère jumeau, incarné par Jean-Louis Trintignant, où les vérités et rancœurs vont exploser.
Au départ, ça n'était pas facile à s'accommoder à ce style flamboyant, où la caméra bouge tout le temps, et où ça gueule tout le temps, avec une musique elle aussi incessante. Mais plus ça allait, plus je me faisais à ce style au fond virtuose, à l'absence de jugement des personnages, quelque soit leur sexualité, pour un brillant portrait de famille, tout aussi éclaté que sont leurs personnages.


On retrouve pas moins que Pascal Greggory, Bruno Todeschini, Valeria Bruni-Tedeschi, Charles Berling, Vincent Perez, et beaucoup d'autres, et on sent qu'ils sont admirablement dirigés, comme s'ils vivaient leurs personnages.
On pense aussi au théatre, où Patrice Chéreau a beaucoup officié, car le film est représenté au fond dans trois lieux clos ; le train, le cimetière et la maison. Le film a été profondément travaillé, et ça se sent, aussi bien dans la mise en scène, aérienne dans ses derniers plans, que dans la direction d'acteurs, mais on peut ne pas être sensible à ce déluge de rancœurs et où ça gueule beaucoup.
Mais rien que la scène magnifique avec Jean-Louis Trintignant et Vincent Perez, qui incarne un transsexuel, montre la puissance de ce film, pas aimable, pas drôle, mais qui propose un déchirant portrait de famille venu s'embrouiller une dernière fois au-dessus d'un cerceuil.

Boubakar
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le 29 sept. 2019

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