Match interminable que ce Challengers, qui se saisit du tennis comme d’une métaphore de la vie de couple par tiers interposé au sein duquel on se désire, on se conquiert en regardant l’autre dans les yeux. Luca Guadagnino refuse la sobriété du triangle amoureux et n’offre à ses comédiens qu’un espace de jeu très balisé qui correspond au cadrage emphatique de ses plans : aucun d’eux ne paraît exister hors caméra, empêchant tout érotisme de naître et de se diffuser ; il revient alors à la mise en scène de compenser ce déficit sensible par une accumulation maladroite de ralentis sur des corps dénudés et en sueur, sans oublier la musique de boîte de nuit et les terribles symboles sexuels à l’instar de la banane que Zweig déguste en fixant son homologue. Les dialogues sirupeux, remplis d’adages stéréotypés (« tu veux qu’on te désire », « tu mérites d’être aimée », « si tu perds demain, je te quitte »), construisent une méchanceté de pacotille qui ne dit rien du microcosme investi. Le film ressemble à une longue campagne publicitaire pour le tennis, sponsorisé à tout-va et aguicheuse. Pour le cinéma on repassera.