Chambre 212, de Christophe Honoré, est un bel exercice de style qui permet à ses acteurs d'explorer avec finesse et délicatesse le ressort fragile du couple lorsqu'il se retrouve confronté à l'usure du temps. Maintes fois exploré au cinéma la particularité de ce film est qu'il se ballade dans un espace indéterminé qui fait revivre à ce couple des choix et des trajectoires antérieurs littéralement incarnés par des doubles d'eux même à la lueur de leurs jeunes années. Ce dédoublement et la multiplication des personnages gravitant ou ayant gravité autour permet de mesurer l'impact des aléas et des rencontres qui forgent le sel des relations que nous sommes amenés à tisser tout au long d'une vie: joie du partage, consolidation de l'estime de soi, regret des occasions que nous laissons passer, amertume des sentiments qui se font et se delitent au fur et à mesure de notre expérience et des besoins qui se réinventent constamment, imperfections des corps qui renvoient au hiatus de l'injonction sociale à lhygienisme et au conformisme intellectuel, ainsi que d'autres perceptions de cet ordre. Le cadre très resserré d'un hôtel particulier ou l'action se déroule essentiellement confère un esprit assez théâtral au projet, ou chacun entre et sort par des portes dérobées pour mieux fuir un destin qu'il pressent douloureux. C'est le charme d'un dispositif qui permet de renouveler le genre du vaudeville par des trouvailles visuelles assez enchenteresses, grâce également à une sourde mélancolie dont Chiara Mastroiani et Benjamin Biolay sont les bels émetteurs en même temps que les réceptacles d'une peur qui ne dit pas son nom. C'est malheureusement aussi sa limite, dont on finit rapidement par se lasser lorsque la mécanique tend à répéter un dispositif qui ne sait plus vraiment quoi dire une fois son assimilation comprise. On garde au final de la tendresse pour cette proposition dont les atouts maîtres restent les comédiens et l'habileté habituelle de Honoré à questionner les conventions sociales, au dela du seul aspect amoureux

Créée

le 25 sept. 2019

Critique lue 436 fois

10 j'aime

4 commentaires

Critique lue 436 fois

10
4

D'autres avis sur Chambre 212

Chambre 212
mymp
3

Suite(s) pitoyable(s)

Madame va voir ailleurs depuis un bail déjà, s’encanaille avec d’autres hommes que Monsieur qui, lui, est resté fidèle à sa chère et tendre. Alors quand Monsieur apprend que Madame papillonne, ça...

Par

le 7 oct. 2019

31 j'aime

4

Chambre 212
seb2046
7

La chambre d'en face...

CHAMBRE 212 (15,1) (Christophe Honoré, FRA, 2019, 90min) : Surprenante tragicomédie "de remariage" sous la forme d'une fantaisie théâtrale qui interroge en son sein le couple, en mettant à nu de...

le 3 juin 2019

23 j'aime

3

Chambre 212
Floridjan
5

Un film trop bien parlé

Voilà un film dont la bande annonce m'a énormément alléché et qu'il me tardait de voir, pour plusieurs raisons. Déjà, le réalisateur, Christophe Honoré, dont j'ai tant aimé Dans Paris et les chansons...

le 13 oct. 2019

18 j'aime

Du même critique

Timbuktu
Sabri_Collignon
7

Conte Africain en Terre Sainte!

Abderrahmane Sissako est l’un des rares cinéastes africains contemporains à pouvoir trouver sa place dans le gotha du « World Cinéma » et c’est cette reconnaissance, française en premier lieu, et...

le 15 déc. 2014

39 j'aime

6

Benedetta
Sabri_Collignon
4

Saint Paul miséricordieux

Verhoeven se voudrait insolent et grivois, il n'est au mieux que pathétique et périmé. Son mysticisme atteint des sommets de kitch dans une parabole pécheresse qui manque clairement de chaire (un...

le 13 juil. 2021

37 j'aime

3

Un p'tit truc en plus
Sabri_Collignon
1

Le triomphe hypocrite de la condescendance

RETOUR SUR LE FILM par le compte Facebook D'images et de mots qu'on peut facilement trouver. Voici toutes les raisons pour lesquelles il hors de question que je perde mon temps avec ce truc. Et au...

le 5 sept. 2024

31 j'aime

3