10 après « Gandhi », Attenborough s'attaque à un autre grand homme tout aussi humaniste : Chaplin. Difficile d'aborder sa vie de manière synthétique en 2H18 tellement elle a été bien remplie et compliquée. On pourrait dire beaucoup de choses sur ce film, décortiquer les qualités et les défauts, mais ce qui est certain c'est que le résultat mérite d'être appelé « un biopic réussi ». Parfois peut-être un peu trop mélo, parfois un peu trop succinct sur les rencontres décisives qui lui ont permis de passer du muet aux parlants, comme n'importe quel biopic. Il n'en reste pas moins un film complet retraçant les moments clés de sa vie et dressant un portrait le plus réaliste possible sur l'homme qui se cachait derrière le maquillage.
Robert Downey junior y interprète Charlot avec une classe et une retenue dont je ne le croyais pas capable, on entrevoit ses grandes qualités d'acteur le temps de ce film. Quand pour la toute première fois, on le voit grimé en Charlot de dos, adoptant sa démarche si caractéristique, je n'ai pu m'empêcher d'être plus que surpris par la ressemblance. Robert a bien travaillé et du visionner un sacré paquet de kilomètres de bobines pour décortiquer chaque mimiques de Chaplin. Avec un casting assez monstrueux, Downey, Hopkins, Akroyd, Geraldine chaplin, james woods, jovovich, Duchovny, le film s'en sort magnifiquement et a remplit toutes mes attentes.
L'intérêt du film dépasse la sphère cinématographique car la vie de Chaplin ne se limitait pas au cinéma, il s'est engagé toute sa vie. Ainsi le film retrace sa lutte face au fascisme, à Hoover et son anti-communisme mais aussi face à Hollywood qui était une machine à broyer les artistes. Dommage que le film n'aborde pas plus la partie sur « les artistes associés », association fondée avec D.W. Griffith, Fairbanks et Pickford. Le film parle évidemment de son goût pour les femmes, de manière assez cru et juste, démythifiant ce rôle de coureur de jupon que les tabloïds collaient a son nom. La vérité était bien plus compliquée que ce qu'il n'y parait. Le rôle de la folie inhérente à sa mère et sa grand-mère joue un rôle important dans le film et le processus de création de sa personnalité. Son trait de caractère à retenir restant cette dureté qu'il avait envers lui-même estimant que « c'était déjà pas mal puisqu'il avait réussit à faire rire un peu le monde ». Dans l'ensemble, le film peint un portrait juste du vagabond en s'appuyant sur son livre autobiographique, et sans doute sur des rencontres avec les différents membres de sa famille.
C'est fou de se dire que le plus grand comique de l'histoire du cinéma ait eu une vie aussi dure et triste, dans ces conditions il était difficile d'évincer la partie « mélodramatique ». Je suis bien surpris que la note moyenne sur senscritique soit aussi basse, certes le Chaplin d'Attenborough n'atteindra jamais le niveau de l'original mais la justesse du film et sa forme assez classique décrit bien Chaplin de manière objective.
Je retiendrais longtemps, parmi tous les acteurs qui m'étaient inconnus, la prestation de Kevin Kline dans le rôle de Douglas fairbanks touchant et « pétillant de vie comme du champagne ». Dommage qu'on ne fasse plus des hommes comme eux, qui se sont consacrés intégralement à leurs art et à leurs public pour l'amour du spectacle.