Quelques grandes fulgurances visuelles, noyées dans un océan de médiocrité.
On ne peut pas dire que je sois le plus grand fan du cinéma de Jimenez. Je l'ai découvert avec Bac Nord, un long-métrage très bien emballé et porté par des séquences d'action ultra efficaces, mais également teinté de caractérisations de personnages et d'un propos plus que douteux. Ensuite vient Novembre, un film encore une fois soigné, mais d'un classicisme assommant. J'avais envie de défendre Chien 51, rien que pour sa volonté très honorable d'offrir un écrin d'ampleur au cinéma de genre français (qui se fait trop facilement taper dessus). Et pourtant...
Disons les choses, Jimenez est autant bon metteur en scène qu'il est piètre scénariste. Le long-métrage s'ancre dans un récit d'anticipation pas inintéressant, avec un univers parisien futuriste plutôt canon. Le cinéaste sait indéniablement faire de l'image, avec notamment quelques plans et jeux de lumières de haute volée (décidément, il adore faire joujou avec les voitures et les pare-brises). Pour autant, cette esthétique s'avère bien souvent gratos, comme en témoigne cette scène de boîte de nuit queer complètement sortie du chapeau ?!
De même, on connaît l'exercice très casse-gueule du film de SF à la française, qui doit bénéficier d'un soin tout particulier dans l'écriture, afin de ne pas sombrer dans une caricature ringarde. Et malheureusement, Chien 51 plonge rapidement les pieds dedans. Et les deux. On passe son temps à espérer que l'œuvre n'emprunte pas tel chemin scénaristique prévisible et navrant, pour qu'elle y fonce toujours, sans aucune conscience de son mauvais goût affligeant (« je veux voir la mer »).
L'écriture des dialogues est catastrophique, offrant des caractérisations de personnages d'un autre temps. Mention toute spéciale aux personnages de Louis Garrel, Artus, mais surtout Romain Duris, dans un cliché politique et patronal abominable. Sans même parler de cette fameuse romance, que l'on implore de s'achever à l'instant où elle débute.
Le long-métrage empile les concepts futuristes éculés (comme les drones ou le clonage), sans jamais les comprendre ou les utiliser. Pire, la narration est souvent laborieuse, confuse, alors qu'ironiquement, l'ensemble peine à développer le moindre propos.
Enfin, là où le film aurait pu creuser une piste politique et sociale intéressante, il décide finalement de se rabattre sur le schéma risible de la méchante intelligente artificielle, avec un message de pseudo rébellion final que l'on n'achète pas pour un sou. Comme si voir Jimenez parler de lutte contre les institutions, c'était trop gros pour être plausible.
Bref, un immense gâchis. Quand on pense que la SF française a proposé Mars Express il y a à peine deux ans, la comparaison est rude...
3,5/10
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