A mon humble avis, on tient ici le film le plus aboutit sur la Contre-Révolution. Philippe de Broca avait effleuré cette période déjà avec Cartouche (1960). Le film sort un an avant le bicentenaire de l'événement tournant pour l'histoire nationale française (1989). Ici cinéaste livre une fresque romancée de la révolte des Chouans basé (à vérifier) sur un roman éponyme de Balzac (1828)Ce scénario est porté par une distribution assez incroyable : Philippe Noiret, Sophie Marceau, Lambert Wilson, Stéphane Freiss, Jean-Pierre Cassel, Charlotte de Turckheim ou encore Isabelle Gélinas (la copine à Bacri dans Didier). Ce qui est appréciable dans cette histoire racontée, c'est qu'elle ne fait pas une lecture binaire (gentils vs méchants) de la Révolution française avec un regard militant (exemples au deux extrêmes : Un peuple et son roi et Vaincre ou Mourir. Le film de Philippe de Broca est éminemment plus nuancé sur ce tableau car les personnages de son récit son traversés par des sentiments contraires (convictions idéologiques, amours, intérêts). Certains d'entre-eux n'hésitent d'ailleurs pas à tuer. Autrement dit, il n'y en a aucun pour rattraper l'autre.
De Broca est allé tourné le film en Bretagne lieu des événements de la Chouannerie, ce qui donne un environnement très authentique. Costumes et décors sont recherchés. Les acteurs sont tous très investis dans leur interprétations. Il y a même par intermittence des instants d'humour, agréable bouffée d'air frais, qui n’atténuent jamais le drame.
Mais je trouve le rythme du film assez inégal, ce qui peut rendre le visionnage ennuyant. Le film n'est pas épique, mais je pense de toute manière que ce n'était pas son ambition. Il s'agit simplement d'une histoire à échelle humaine sur une famille déchirée par le vent de la Révolution. Sans doute est-ce pour cela qu'il y a peu d'action (notamment des scènes de batailles qu'on peut attendre au tournant).
J'ai découvert sur Sens critique l'existence d'une version télévisée du film durant 3h28. Impossible pour ma part de la trouver pour le moment. Il n'est pas à exclure qu'elle bonifie le film grâce à un scénario sans doute plus complet.
Malgré ses limites évidentes, je garde une affection particulière pour Chouans! Sa distribution est impressionnante. Son récit et ses intentions fonctionnent sur moi. Du long-métrage se dégage aussi une certaine bonhomie (surtout grâce au personnage attachant de Noiret, noble et sage à la foi).
PS : Delerue et Noiret ont respectivement participé à la musique (1982-2002) et à la voix off (depuis 1978) pour la Cinéscénie au Puy du Fou. Comme le monde est petit sur le sujet de la Contre-Révolution.