Les Chouans, entre sang, humour... et ULM

Préambule : cette critique porte bien sur la version cinéma de 2h25, et non sur le téléfilm en 4x52 minutes diffusé dans les années 90, correspondant à une version longue.

Je n'avais pas entendu beaucoup de bien au sujet de "Chouans !", mais j'étais séduit par le sujet et les personnes impliquées. Finalement je comprends les avis mitigés...

On sent bien que cette version cinéma a fait l'objet de coupes, tant certains pans de l'intrigue ont une progression elliptique. La relation de jeunesse entre les trois "enfants" du Comte de Kerfadec, expédiée. Le début de la révolte contre-républicaine des Chouans, ou le développement de certains seconds rôles.

A côté, on nous a laissé un triangle amoureux peu passionnant, entre trois adultes élevés dans la même maison bretonne, frappée par la Révolution. Aurèle, le fils du Comte, rigolard anti-républicain. Tarquin, le révolutionnaire jusqu'au-boutiste. Et Céline, la jeune femme girouette qui va osciller entre ces deux hommes. D'autant que Sophie Marceau et Lambert Wilson ont tendance à en faire des caisses entre des tirades pompeuses.

Néanmoins, "Chouans !" a le mérite de respirer le cinéma populaire ambitieux. Les moyens se voient : costumes, figurants, quelques batailles, et de jolis décors bretons. L'ensemble est porté par une belle musique de George Delerue. Et Philippe Noiret porte sans mal son personnage de comte scientifique sur les bords, qui tente de se tenir à l'écart du chaos... jusqu'à quand ?

Philippe de Broca mène sa barque avec un certain panache, n'ayant pas peur de montrer les effusions de sang et de violence menés par les deux côtés. Ca y va même plutôt fort. Toutefois le réalisateur sait aussi faire dans la légèreté, avec de récurrentes touches d'humour sympathiques, ou des anachronismes inattendus !

En résulte une œuvre très imparfaite mais plaisante.