Avec 21 ans de retard, j'ai enfin comblé ce qui me semblait être une lacune. Un délai qui me fait apprécier Falling down en tant que "Chef d'oeuvre". A sa sortie, je n'aurais surement vu qu'un très bon film mais sa résonance plus de 20 ans après, son caractère toujours actuel me fait dire que Joël Schumacher réalisa à l'époque bien plus qu'un film maîtrisé et abouti.
Falling down retrace la descente vertigineuse d'un personnage torturé qui va se perdre tout en s'éveillant face aux travers de la société.
Dès le premier plan, l'oppression subi par un Michaël Douglas habité par son personnage est palpable. L'embouteillage, la chaleur, la mouche, les plans serrés, les bruits, tout est agression. On est immédiatement au cœur de la folie naissante de cet homme qui perd pied et se lance dans une espèce de chemin de croix.
Au fur et à mesure du parcours de son héros, Joël Schumacher oppose sans cesse les maux d'une société et celle d'un homme qui ne semble plus y appartenir. Si chacun des pétages de plombs de William Foster le rend de plus en plus dangereux, sa rébellion résonne encore dans l'air du temps. Un génial tour de force qui met le spectateur dans une position ambiguë d’empathie et de rejet. Michaël Douglas nous touche avec ses mots autant qu'il nous effraie de part ses actions. Les situations parfois extrêmes donnent lieu à quelques sourires et on est captivé de bout en bout, la tension allant crescendo à mesure que les minutes filent.
Derrière Douglas tout en puissance dans ce rôle de Monsieur Toutlemonde, on retrouve un Robert Duvall plus réfléchi mais tout aussi brillant en flic à quelques heures de la retraite. Chacun à leur façon, les deux hommes ont quelque chose a exorciser et c'est leur manière d'appréhender leur vie qui ajoute à l’homogénéité de l'ensemble.
Un grand film qui malheureusement n'est pas encore là d'être démodé.
"Un père en instance de divorce se donne la mort après avoir tué ses deux garçons..."
"Il se suicide en mettant le feu à sa voiture avec ses enfants dedans..."
Joël Schumacher avait déjà mis le doigt sur quelque chose il y a 20 ans, quelque chose qu'il est bien plus facile de condamner que d'expliquer, une détresse qui vous pousse dans les dangereux derniers retranchements de l'homme qui n'a plus rien à perdre. Le point de non retour, cette distance à partir de laquelle, il est plus rapide de continuer que de revenir en arrière.