le 5 févr. 2019
En off
Cinq et la peau (1982) est le deuxième et ultime long métrage réalisé par Pierre Rissient. Ce film méconnu prend les allures d’une balade librement composée dans la moiteur de Manille. Cette liberté...
Cinq et la peau prend le soin de construire l’errance intérieure de son personnage par une mise en scène en perpétuel mouvement qui multiplie la cassure de plans que l’on envisageait plus longs, de séquences d’étreinte qu’il faut rassembler suite à leur perturbation par d’autres séquences. Nous avons l’impression d’être dans un état de demi-sommeil, à la fois guidés par une voix off explicative et perdus par cette même voix qui ne coïncide que rarement avec ce qui est montré, couvrant les dialogues – esthétique déjà adoptée par Marguerite Duras dans son cinéma. La ville de Manille se révèle alors à nous dans toute sa confusion, dans son grouillement merveilleux qui ravit par ses couleurs et terrifie par l’anonymat d’un Français qui la parcourt seul, sans attaches véritables sinon celles des femmes qu’il rencontre et qui ensuite s’en vont. S’il fallait trouver une figure d’ami, il s’agirait certainement du chauffeur de taxi qui aide l’étranger à sillonner un tissu urbain étendu, agrégat de plusieurs espaces plus ou moins indépendants qui échappent à l’unité.
Comment, dès lors, espérer remédier à la dissolution du moi lorsque l’environnement extérieur, relié à l’intériorité tourmenté d’Ivan par cette écorce qu’est la peau et les cinq sens – d’où le titre choisi par Pierre Rissient –, affirme une telle dispersion ? La forme fragmentaire, faite de va-et-vient entre chambres closes et rues encombrées, d’allers-retours sans évolution dramatique notable, traduit à l’écran le caractère insoluble du conflit intérieur du personnage tout à la fois raffiné et diverti par des spectacles de strip-tease augmentés de prouesses sexuelles dégradantes. Le long métrage repose donc sur la tension entre une prose littéraire tournée vers l’éternité, à laquelle a magnifiquement contribué le poète Guillevic, et une dépendance à la chair dans ce qu’elle peut avoir de plus triviale et pulsionnelle (pratiques de la fellation, de la sodomie etc.). La tension entre un tableau abstrait et son titre, explicitement tourné vers une pratique sexuelle qui n’est d’ordinaire pas associée à une expression artistique.
Une œuvre d’une densité remarquable, tant sur le plan formel que narratif, qui confronte l’imaginaire de l’homme aux déceptions que lui procure la réalité, quelque peu desservie par un dispositif qui parfois s’épuise en longueurs et en répétitions.
Créée
le 8 sept. 2022
Critique lue 69 fois
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