Ni même un film de guerre. Contrairement à ce que laisse entendre les déclarations d'Alex Garland et imaginer la puissante campagne promotionnelle élaborée par le studio A24, Civil War donne à la politique et l'action un rôle mineur. Cette guerre civile opposant deux états sécessionnistes (la Californie et le Texas) au gouvernement en place est un simple élément contextuel ; silence radio sur les origines du conflit et l'idéologique des forces en présence. De même, on ne trouve dans le film aucune trace des questionnements sur la véracité de l'information et des rapports conflictuels que les journalistes entretiennent avec l'opinion publique, alors même que Garland fait étalage de ces problématiques en interview. Là dessus, le film déçoit.
Dans les faits, ce qui intéresse finalement Garland, peut-être à son corps défendant, c'est la condition existentielle du photojournaliste, leurs excès, leurs failles, leurs rapports à l'image, aux événements et à leur environnement. Et c'est là que le film réussit à captiver. Par exemple, il y a cette scène, parfaitement anodine de prime abord mais déterminante sur le plan symbolique, au cours de laquelle Lee (Kristen Dunst) est allongée dans l'herbe. Raccord regard : la camera fait le point sur une fleur bleue. En deux plans, sans dialogue, tout est dit : son œil est une extension de son objectif, et son corps, totalement conditionné par son métier. Civil War n'est ainsi jamais aussi percutant que lorsqu'il se tait, regarde ses personnages travailler et offre un contre-champ à leurs photographies.
Je clos cette critique en saluant la qualité de la bande-son, que cela soit le mixage (les quinze dernières minutes, entre le bruit des hélicoptères, des mitrailleuses et des explosions, sont à tomber par terre) ou les chansons (Lovefingers de Silver Apples, Say No Go de De La Soul).