Civil War
7.1
Civil War

Film de Alex Garland (2024)

Avis à la population : Civil War c’est du grand cinéma mais les deux heures que vous allez passer devant l’écran, rassasiés de violence jusqu’au dégout, vont être malaisantes comme on dit aujourd’hui.

On dit couramment que la guerre civile est la pire des guerres car les frères, les pères, les cousins, les amis, les copains, et tous ceux qui ne se sont jamais rencontrés, s’entretuent avec une férocité inouïe. Pas de prisonniers, on tire d’abord, le désaccord est tellement profond que le poids des mots est inutile, seul le choc des photos peut tenter d’expliquer l’hécatombe fraternelle.

Une poignée de journalistes intrépides tentent de rejoindre Washington pour enregistrer la dernière interview du président qui a allumé le brasier mais dont les jours sont comptés. 1300 kilomètres à parcourir dans un pays dévasté, un pays où l’armée régulière dégomme les journalistes comme des lapins, un pays où de sympathiques rednecks, transformés en fous furieux, exécutent et torturent leurs compatriotes avec une effrayante délectation. Un véritable cauchemar sur grand écran.

Alex Garland pioche dans le fourre-tout du cinéma américain pour offrir un cocktail au gout amer qui tortille l’estomac du spectateur. Une pincée de Walking Dead pour les routes dévastées et les stations-service infréquentables, quelques scènes de guerre inspirées par Full Metal Jacket et Apocalypse Now, le tout parsemé de scènes intimistes dignes du meilleur cinéma indépendant.

Si la forme est indiscutablement inattaquable, on peut s’interroger sur le fond. Les causes du conflit ne sont pas claires, beaucoup moins en tous cas que celles qui provoquèrent la guerre de Sécession de 1860. Le portrait façon Trump du président est seulement esquissé, on aurait aimé en savoir un peu plus sur le bonhomme et sa trajectoire de dictateur. Ces quelques bémols ne doivent pas vous empêcher d’aller voir le film, traumatisant mais d’une efficacité monstrueuse.

Alex Garland marche, avec un talent remarquable, dans les traces de ses glorieux ainés, Stanley Kubrick, Francis Ford Coppola ou Oliver Stone, réalisateurs géniaux de blockbusters guerriers, mais s’éloigne du simple plagiat pour construire une œuvre rugueuse et originale.



Créée

le 4 mai 2024

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