Daube François
Mais putain pendant encore combien d'année vais-je encore me faire avoir ? Vous me croyez si je vous dis que j'y ai encore cru à: "cette fois c'est vraiment étonnant, très bon, très loin des autres...
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le 6 sept. 2012
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Biographie du chanteur Claude François,une des figures les plus singulières du temps des idoles,les années 60-70,de sa naissance en 1939 à Ismaïlia en Egypte jusqu'à sa mort par électrocution dans son appartement parisien du boulevard Exelmans en 78.Le réalisateur Florent-Emilio Siri se sort haut-la-main de ce qui aurait pu être un piège en dynamisant constamment ses plans et en évitant les scènes longues,ce qui permet de caser un maximum d'évènements et de personnages dans ce qui fut une vie riche et mouvementée.Quant à Julien Rappeneau,qui signe le scénario et les dialogues, il déjoue un autre piège inhérent au genre,celui de l'hagiographie.Objectivement le personnage n'est pas épargné et l'artiste apparait au final comme un assez sale type.Autoritaire,tyrannique,jaloux pathologique,paranoïaque,maniaque du contrôle,colérique,violent,infidèle,obsédé sexuel,mauvais mari et mauvais père,l'image de l'icône est pour le moins écornée au fil de ce biopic émaillé des tubes accompagnant une carrière prolifique en dépit de sa brièveté.Cette franchise parait surprenante quand on sait que Claude junior et Marc,les fils du chanteur,ont collaboré à la production et que Fabien Lecoeuvre,journaliste et écrivain spécialiste de la chanson française et sorte de gardien du temple franciscain,a été conseiller biographique et technique sur le film.Ceci dit le bonhomme avait aussi de bons côtés et ses défauts pathologiques sont expliqués par sa jeunesse difficile marquée notamment par ses problèmes avec son père Aimé dont l'ombre tutélaire semble avoir plané en permanence au-dessus de sa vie.D'ailleurs tout commence par un terrible traumatisme initial,l'expulsion du Paradis qui détruira direct le paternel,lequel ne s'en remettra jamais.Il faut savoir que les François étaient de vraies égyptiens,nés et vivant au pays des pharaons depuis plusieurs générations.Certes ils étaient d'origine et de nationalité françaises mais leur patrie avait un autre nom:la Compagnie du Canal de Suez,où les François étaient employés de père en fils depuis l'arrivée de l'arrière-grand-père de Claude sur le sol égyptien.Fondée par l'entrepreneur Ferdinand de Lesseps en 1858,cette société avait fait creuser et exploitait ce canal traversant l'Egypte pour relier la Méditerranée à la Mer Rouge,ce qui évitait le contournement de l'Afrique et faisait gagner un temps précieux commercialement parlant,et donc beaucoup d'argent.Compagnie française donc,dont Aimé était devenu un des chefs de trafic,poste très important et rémunérateur.Il avait épousé Lucia,une italienne dont il avait eu deux enfants,Josette et Claude,ce fils dont il pensait qu'il lui succéderait naturellement à la Compagnie.La famille menait la grande vie à Ismaïlia,dans une belle villa fournie par la firme,avec domestiques arabes et tout le confort disponible à l'époque.Mais tout ça a disparu brutalement en 56,quand le président égyptien Nasser a décidé de nationaliser le Canal et d'expulser manu militari les européens,la famille François finissant par échouer dans un appartement minable à Monaco.Le flamboyant Aimé a alors totalement sombré et entamé une rapide descente,ce qui engendrera des heurts avec un Claude combatif et commençant à s'engager dans une carrière de musicien,métier indigne selon son père qui,bien que déclassé,n'avait rien perdu de ses principes rigides et datés.Le paternel mourra peu après,nouveau traumatisme pour la future star qui n'aura jamais l'occasion de lui prouver sa réussite et d'obtenir enfin son approbation tant espérée.C'est ainsi que crucifié par le mépris éternel de son père et animé d'un farouche désir de revanche sociale il entamera une difficile ascension vers le succès qui le mènera finalement au sommet du showbiz français.On peut penser ce qu'on veut du chanteur,voix médiocre,justesse approximative,opportunisme créatif et look clinquant,son parcours n'en reste pas moins exceptionnel et emblématique de l'époque bénie de la France des Trente Glorieuses où la chanson française se conjuguait en anglais.Star des yéyés,Cloclo gravit les marches de la gloire à force de travail,de volonté et de jugeote car,toujours à l'affût des nouveautés techniques et des modes anglo-américaines,il sut s'adapter constamment à la demande du public,au point de devenir un phénomène qu'on qualifierait aujourd'hui de sociétal de par son aura auprès d'un public féminin rendu hystérique par son énergie et son magnétisme.Chanteur mais aussi musicien multi instrumentiste spécialisé dans les percussions,danseur doué,il inventa un style unique dans la variété française tout en reprenant essentiellement des succès anglais et américains,ce que faisaient beaucoup de français à l'époque.Sa mort brutale ne fit que renforcer le mythe de ce représentant iconique d'une France insouciante maintenant disparue,malgré les nombreuses casseroles attachées aux dérives de sa personnalité schizophrénique.Les évènements décrits étant relativement récents,on voit passer tout un tas de personnages médiatiques très connus,l'impresario Paul Lederman,France Gall,Frank Sinatra,Gilbert Bécaud,le patron de l'Olympia Bruno Coquatrix,Johnny Hallyday,Otis Redding,Ticky Holgado,futur acteur ayant débuté comme homme à tout faire de Cloclo,,le compositeur Jean-Pierre Bourtayre,le parolier Eddy Marnay ou les mannequins maîtresses du chanteur Sofia et Kathalyn,sa dernière compagne.Jérémie Renier est pour beaucoup dans la réussite du film tant sa ressemblance avec l'artiste est évidente et tant son travail sur le mimétisme avec son modèle est impressionnant.Il ne joue pas,il est Claude François et on ne voit vraiment pas qui aurait pu faire aussi bien que lui.Le casting est disparate et aligne prestations de classe et performances navrantes.Benoît Magimel,quasiment méconnaissable sous le maquillage et le latex,campe un Lederman impressionnant,guide solide et imperturbable poussant toujours son poulain à se renouveler.Les jolies blondes Sabrina Seyvecou,Ana Girardot et Joséphine Japy sont très convaincantes en Josette François,la soeur fidèle,Isabelle,la mère des deux fils de Claude,et France Gall,un de ses premiers grands amours.Marc Barbé est absolument flippant dans la peau d'Aimé,ce père flamboyant puis détruit par la disparition de sa vie idéale et Eric Savin déploie son talent habituel en incarnant brillamment Jean-Jacques Tilché,le directeur artistique de Philips ayant fait débuter Cloclo.Mention bien également pour Laetitia Colombani en Vline Buggy,Emilie Caen en collaboratrice de la vedette et Alison Wheeler qui est Sylvie,la fan devenue habilleuse de la star.C'est nettement moins convaincant du côté de Monica Scattini,la mère aimante mais accro au jeu et de Maud Jurez,transparente aussi en Janet,la première épouse du chanteur qui le quittera pour Bécaud.D'ailleurs les "sosies" de Bécaud ou Hallyday font pitié tant ils sont peu ressemblants,et que dire de Robert Knepper,ridicule en Sinatra?
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Créée
le 29 mai 2022
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