Otages de la douleur
Est-ce qu'une accumulation de non-dits et de silences (très parlants) sont obligatoirement une marque de subtilité ? Pas toujours, et c'est bien là que pêche Close, en faisant montre d'une apparente...
le 1 nov. 2022
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Ils s’appellent Léo et Rémi, ils sont meilleurs amis. Ils font tout ensemble : ils jouent, mangent, dorment. Ils s’aiment, comme des amis, comme des enfants, sans se poser de questions. Mais leur entrée en secondaire va leur apprendre qu’il y a des « codes » à respecter, pour ne pas troubler l’ordre environnant.
Une alchimie amicale
Dans la première partie du film, le réalisateur de Girl, Lukas Dhont, magnifie cette alchimie amicale qui existe entre ses deux acteurs, Gustav De Waele et Eden Dambrine. Le brun et le blond, tout sourire, se complètent, respirent l’innocence enfantine, celle des champs et des éclats de rire. Leurs yeux disent leur amour l’un pour l’autre. Entre les épis de maïs, contre les murs rouges d’une chambre ou à table, la caméra les colle pour ne les quitter que dans la cour d’école.
Des hommes qui pleurent
Lentement, alors, les regards se ferment, les mots deviennent lourds ou ne sortent plus, la vérité est tue. Léo comprend vite que s’il veut « survivre » dans cette micro-société qu’est leur école, où les normes masculines attendues sont rigides et codifiées, il doit se comporter « comme un garçon » (= ne pas pleurer, ne pas se coller physiquement à un autre, faire du sport collectif). Rémi, lui, reste celui qu’il était, et ne réalise pas ce qui arrive à leur relation. La séparation est inévitable, et le drame surgit, les larmes coulent.
La deuxième partie du long-métrage, fort inspiré des Dardenne (Émilie Dequenne oblige), plus longue, en retenue, analysant les non-dits et la culpabilité rongeant les protagonistes, s’appuie sur des ressorts dramaturgique non nécessaires à la construction du récit.
Close transmet néanmoins de manière magnifique cette « obligation » sociale qu’ont les garçons à devoir se conformer à ce qu’on attend d’eux, aux codes masculins de l’époque, pour être considérés par les autres (garçons), tous pris aux pièges du patriarcat. La seule possibilité d’être (vraiment) eux-mêmes serait peut-être du temps des amis d’enfance, ceux qui disparaissent toujours trop vite de nos vies.
Critique publiée dans le Suricate magazine : https://www.lesuricate.org/close-ou-limpossibilite-detre-garcon/
Créée
le 12 nov. 2022
Critique lue 22 fois
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