Close
7.1
Close

Film de Lukas Dhont (2022)

Dans la campagne belge, Léo (Eden Dambrine) et Rémi (Gustav De Waele) sont meilleurs amis, presque frères, leur relation les dépasse peut-être. Lukas Dhont s’empare de cette intimité pour proposer un film qui se veut être le porte-étendard d’un cinéma qui retrouverait sa force évocatrice primaire. Le nouveau réalisateur favori de la grande famille cannoise revient, quatre ans après sa Caméra d’Or pour Girl, avec Close et prouve à nouveau que le mélo n’a pas besoin de dramatique pour être impactant. D’emblée, Dhont met en place un jeu de poncifs et de motifs qui rendent plus palpable leur quotidien : un bunker où ils viennent s’amuser, un champ de fleurs où ils courent, le chemin vers l’école à vélo... Un jeu qui se répète avant de se transformer et de se briser.

Alors que cette amitié très fusionnelle subit les affres des débuts de l’adolescence, à base de moqueries homophobes, Léo s’éloigne de Rémi et la routine et ses motifs se transforment en même temps que leur relation : les trajets à vélo se font plus rares, ils ne roulent plus à l’unisson, leurs rapports tactiles se métamorphosent en bagarres et le bunker passe d’un espace d’évasion à un espace de frustration. Et lorsque la mort de Rémi arrive, la routine n’est plus et les motifs se brisent, à l’image du champ de fleurs à nu ou de la porte enfoncée de sa chambre. De l’annonce du suicide aux aveux de Léo à la mère de Rémi (Émilie Dequenne), toutes les émotions ne s’expriment qu’en filigrane : rien ne se dit, tout se sait mais tant que rien n’est dit, rien n’est sûr. Avec Close, Dhont sait quand la tension du silence est la plus suggestive, et à quel moment le choc des mots doit s’abattre sur ses personnages. Alors que tout s’est effondré, le film reconstruit ce qui a été détruit. La routine et ses symboles reprennent peu à peu le pas, à l’instar du champ de fleurs qui repoussent tous les printemps. Ce renouveau perpétuel de la nature signe une renaissance pour Léo et la fin d’un film dont la pudeur n’a d’égal que sa justesse de ton.

E-Commaux
7
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le 9 nov. 2022

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Etienne Commaux

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